Après trois années marquées par un intérêt croissant pour les actions européennes, les investisseurs américains sont redevenus négatifs sur la classe d’actifs.
Les fonds actions européennes ont décollecté à hauteur de 6,2 milliards de dollars cette année (données Morningstar à fin août), après avoir engrangé plus de 70 milliards de dollars d’actifs au cours des trois années précédentes. Les données de flux ne concernent que les fonds ouverts (hors marchés monétaires, fonds de fonds et fonds obsolètes) au sein de la catégorie Morningstar Europe Stock.
Source: Morningstar Direct
Ce désintérêt serait de plusieurs ordres : contreperformance du secteur bancaire, interrogations sur l’efficacité de la politique monétaire conduite par la Banque centrale européenne, absence de rebond des profits, incertitude politique (« Brexit », référendum en Italie, élections en Espagne, en France, en Allemagne).
En moyenne, nous avons vu que les meilleurs spécialistes de l’allocation d’actifs outre-Atlantique ont eu tendance à renforcer leur exposition aux actifs en dollars, en privilégiant toutefois les obligations.
Les fondamentaux justifient-ils un désintérêt de la part des investisseurs ? La croissance économique est relativement molle, mais la BCE veille et a fait la preuve d’une certaine inventivité dans la conduite de son assouplissement quantitatif. Cette politique a largement contribué à l’appréciation des actions européennes, qui s’est faite essentiellement sur l’expansion des multiples de valorisation et non pas sur l’augmentation des profits des entreprises. Ses effets sur la croissance économique et l'inflation sont eux très limités.
L’écart de rentabilité entre les Etats-Unis et l’Europe est assez significatif mais il a des explications sectorielles : les services financiers, l’industrie et les mines pèsent lourd dans les indices européens ; or ces secteurs sont dans des situations financières délicates (chute des prix des matières premières et des taux d’intérêt et repli durable de la rentabilité). Aux Etats-Unis, les secteurs de la technologie, de la consommation discrétionnaire dominent plus dans les indices et ont affiché une belle santé financière ces dernières années.
Le rebond des profits en Europe reste l’un des principaux moteurs qui n’a pas encore vraiment redémarré et explique la sous-performance des actions européennes par rapport aux autres places boursières dans le monde.
Le tout est brouillé par un manque de cohésion économique et politique que n'arrangent ni l'épisode du "Brexit", ni la montée des populismes. Par voie de conséquence, le manque d’intérêt des investisseurs étrangers, américains en tête, pour la classe d’actifs n'en est que plus logique.