Depuis le début del’année, le secteur européen des télécommunications accuse un net retard sur le reste du marché, déjà mal en point.
L’indice Stoxx Europe 600 enregistre une baisse de 16% à fin octobre, contre un repli de 8% pour l’indice élargi.
Cette baisse s’explique principalement par une compression des multiples de valorisation des opérateurs : le P/E à 12 mois s'est contracté de 13%, tandis que les estimations de résultats ont été revues en baisse de 3%.
Après u net rebond boursier à partir de fin 2012, les opérateurs semblent entraînés dans une spirale baissière depuis l’été 2015.
Plusieurs raisons expliquent le désintérêt : l’arrêt de la consolidation de l’industrie et le changement d’attitude de la Commission européenne, qui remet le consommateur au devant de ses préoccupations ; un redressement laborieux de la rentabilité du capital et la nécessité pour les opérateurs de continuer à investir lourdement pour moderniser leurs réseaux et maintenir leurs parts de marché ; la poursuite de la déflation des prix, les opérateurs ayant toujours une certaine difficulté à faire payer plus pour des abonnements qui comportent de plus en plus de services.
L’opération de rapprochement entre l’américain AT&T et TimeWarner, qui vient d'être annoncée, est une illustration des enjeux qui traversent le secteur : AT&T, qui avait déjà mis la main sur DirecTV, cherche à s’emparer d’autres sources de contenus « premium » pour garder ou attirer des abonnés. Les opérateurs en Europe montrent leur intérêt pour les contenus (cas de BT ou Telefonica avec les droits du football) mais la plupart ont préféré jouer un rôle d’agrégateurs de contenus plutôt que de l’acquérir, car une incertitude pèse sur la rentabilité de tels investissements.
L’autre élément qui pénalise le secteur est la question de la capacité à maintenir voire accroître les dividendes, laquelle respose sur en grande partie sur la visibilité qu’ont les opérateurs télécoms sur leurs cash-flows à venir.
Traditionnement, le secteur offre un rendement du dividende relativement confortable (autour de 5%). Mais cette année, les opérateurs européens semblent avoir du mal à stabiliser leurs résultats. Certains courtiers tablent sur un redressement de la croissance des revenus l’an prochain, laquelle pourrait entraîner un rebond de la marge brute d’exploitation (EBITDA) des opérateurs, attendue en moyenne à 32% au cours des 12 prochains mois.
Alors que la saison des publications de résultats du troisième trimestre touche bientôt à sa fin, les annonces des opérateurs ont été dans l’ensemble en ligne avec les attentes de Morningstar.
Allan Nichols, qui suit le secteur s’attend d’ailleurs à une légère amélioration du revenu et des marges des opérateurs en Europe, mais sur des niveaux très faibles. « Le marché veut de la croissance et des opérations de fusions-acquisitions et cela ne sera pas au menu à court terme », observe-t-il.