Les ETF synthétiques, une espèce en voie d'extinction ?

Le nombre de trackers à base de swaps disponibles en Europe est encore plus élevé que celui des fonds à réplication physique, mais les investisseurs ont montré une nette préférence pour ces derniers.

Jose Garcia Zarate 17.11.2016
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Jusqu'à il n'y a pas longtemps, il n’était facile de parler des ETP sans s'impliquer dans des discussions animées sur les mérites - ou sur les limites - de la réplication physique ou synthétique. Le débat a été activement encouragé par les émetteurs eux-mêmes.

Toutefois, les sociétés de gestion ont réalisé que cette opposition était préjudiciable à une industrie encore aux premiers stades de son développement, avant que les promoteurs de l’une ou l’autre approche ne trouvent une sorte de trêve.  Mais le débat a eu un impact significatif.

Selon les données Morningstar, la division des actifs sous gestion entre les Exchange Traded Products (ETP, acronyme qui comprend les ETF, ETC et ETN) physiques et synthétiques est passée d'une répartition 55% - 45% en 2011 à environ 80% - 20% actuellement.

Le nombre de fonds disponibles qui utilisent des swaps en Europe est toujours prédominant (principalement en raison de ETC, dédiés aux matières premières), mais les investisseurs ont montré une nette préférence pour la réplication physique.

On pourrait alors se demander si les trackers synthétiques ne sont pas en train de devenir une espèce en voie d'extinction. Ce type de fonds passifs cotés utilise des contrats dérivés, généralement des swaps et des contrats à terme, afin de reproduire la performance de l'indice de référence.

Le marché semble aller vers une nouvelle baisse de l'offre « synthétique », en raison de la tendance des émetteurs, y compris de ceux qui étaient de fervents promoteurs de la réplication synthétique, de faire évoluer leur gamme vers des offres à réplication physique, à la fois par le lancement de nouveaux produits et avec la transformation de ceux qui existent déjà.

Lyxor et db x-trackers sont depuis longtemps engagés dans ce type de transition, alors que Amundi a récemment annoncé son intention d'ouvrir sa gamme ETP, presque entièrement synthétique, à la réplication physique.

Ces émetteurs ont pris une décision pragmatique, qui reconnaît implicitement que la question qualitative de la façon dont les ETF sont construits joue un rôle de plus en plus important dans le processus de prise de décision des investisseurs.

En outre, la croyance selon laquelle l'utilisation des dérivés soit l’option technique la plus optimale pour suivre la performance des classes d'actifs « difficiles », comme les marchés émergents, ou de contourner les problèmes potentiels de liquidité, par exemple dans l’obligataire, a été de plus en plus compromise par l'arrivée sur le marché de nouveaux ETP physiques, ou par le succès de ceux qui existaient déjà, exposés à ces marchés.

La réplication synthétique est susceptible de disparaître ? Pas nécessairement.

Il y a des cas où la réplication physique reste techniquement ou financièrement irréalisable. Prenons le cas des matières premières agricoles, où le coût du stockage - sans parler de leur nature périssable – poussera toujours l'utilisation de contrats à terme pour répliquer leur performance sur le marché.

Ceci, cependant, est un fait largement accepté qui ne nous donne pas une véritable mesure des possibilités de survie de la réplication synthétique, que la plupart des personnes considèrent comme l'utilisation de contrats de swaps. Afin d'évaluer ces possibilités, il faut examiner les secteurs des actions et des obligations.

Il serait hâtif de déclarer que tous les investisseurs en ETF sont opposés aux produits synthétiques. Certains se sentent à l'aise avec les aspects techniques, et sont prêts à accepter le risque de contrepartie pour ce qu'ils considèrent comme une réplication de l'indice plus précise.

Cependant, la façon dont le marché évolue ne laisse pas beaucoup d'espoir aux produits synthétiques. Ils ne disparaîtront sans doute pas totalement, mais nous avons l'impression que d'un point de vue marketing ils sont maintenant présentés comme une option secondaire. La simplicité du concept de réplication physique semble avoir remporté la bataille.

Cliquez ici pour lire l’étude Morningstar sur les ETF physiques.

Cliquez ici pour lire l’étude Morningstar sur les ETF synthétiques.

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A propos de l'auteur

Jose Garcia Zarate  is an ETF analyst with Morningstar UK.