Les fonds « strategic beta » sont-ils une menace pour les gérants actifs ?

Les gérants actifs vont devoir de plus en plus montrer où est leur vraie valeur ajoutée, estime Hortense Bioy de Morningstar ?

Hortense Bioy, CFA 24.11.2016
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Le « strategic beta », également connu sous l’appellation « smart beta », est très en vogue en ce moment. Le concept est très populaire et de nouveaux produits labellisés « smart beta » sont lancés régulièrement.

Les investisseurs sont séduits par le concept également. Conçus pour améliorer le rendement pour un niveau de risque donné ou pour réduire le risque par rapport à des ETF basés uniquement sur le critère de capitalisation boursière, le « strategic beta » accumule les actifs sous gestion.

Ce succès est perçu par certain comme une menace pour les gestions passives traditionnelles. Les promoteurs du « strategic beta » soulignent les limites des indices fondés uniquement sur la capitalisation boursière et qu’il est plus intelligent de construire des indices à partir de facteurs de risque spécifiques.

Je ne pense pas que ce soit vraiment le cas. Les investisseurs qui souhaitent s’exposer au marché dans son ensemble ont la possibilité d’utiliser des fonds assis sur la capitalisation boursière. En outre, le « strategic beta » représente plus une menace pour les gérants actifs, en particulier ceux qui imposent des frais élevés au nom de leur capacité à produire de l’alpha.

Traditionnellement, le rendement d’un portefeuille est décomposé entre l’alpha et le beta. Le beta représente la performance de l’ensemble du marché, tandis que l’alpha est la contribution du gérant, sa capacité à choisir les bons titres au bon moment.

Au cours de la décennie passée, les travaux académiques ont contribué à faire évoluer la perception qu’ont les investisseurs de ce qu’est l’alpha. De nombreux investisseurs ont réalisé que ce qui était présenté comme « l’apha » pouvait en fait être expliqué par des facteurs comme la taille, le style ou le momentum, laissant une part de plus en plus maigre au gérant pour justifier sa contribution à la performance d’un fonds.

Si c’est vraiment le cas, pourquoi ne pas supprimer cette couche finalement peu utile et détenir ces facteurs de performance directement ? C’est la question que se posent ouvertement des investisseurs institutionnels. Le fonds de pension gouvernemental de la Norvège et CALPERS, l’un des plus gros fonds de pension américains, se sont convertis à la gestion passive à partir de facteur de risque. Les investisseurs particuliers et les conseillers financiers devraient également se poser la question.

Certains gérants actifs ont tendance à faire payer leur prestation trop chèrement aux investisseurs, au détriment de la performance que ces derniers sont en droit d’attendre. La popularité des ETF « strategic beta » n’en fait que davantage sens.

Tout d’abord, ils relèvent le niveau de la concurrence. Un bon gérant actif doit aujourd’hui démontrer qu’il peut ajouter de la valeur y compris après avoir pris en compte certains facteurs de risque. Mais certaines études tendent à montrer qu’une fois la contribution des facteurs de risque déduite, la contribution des gérants était au final ténue.

Ensuite, si les performances des gérants actifs sont réellement la combinaison de différents facteurs de risque, il y a peu de justification pour imposer des frais élevés. Les gérants actifs doivent donc se préparer à une insistance croissante de démontrer leur utilité.

 

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A propos de l'auteur

Hortense Bioy, CFA

Hortense Bioy, CFA  est directrice mondiale de la recherche sur l'investissement durable chez Morningstar