2016 a été une année plutôt mouvementée sur les marchés financiers : les premiers mois ont été marqués par une forte volatilité, principalement en raison des craintes liées au ralentissement de l’économie mondiale, en particulier en Chine et aux Etats-Unis, et de la baisse des prix des matières premières. La deuxième partie de l'année a été caractérisée par l'instabilité politique, d'abord avec le Brexit, suivie par les élections américaines, et plus récemment par le référendum italien – un agenda politique chargé mais qui n’a pas empêché un rebond des Bourses mondiales, et une remontée des taux longs.
Les mouvements observés l’an dernier au sein de l'industrie des Exchange Traded Funds (ETF – les fonds passifs négociés en Bourse) confirment la grande incertitude qui a caractérisé l'année qui vient de se terminer. D’après les données Morningstar, entre le meilleur et le pire ETP l’écart de performance dépasse 105 points de pourcentage (produits à effet de levier et vente à découvert exclus) sur l’ensemble de l’année.
Les gagnants
La région de l'Amérique latine, avec le marché brésilien en tête, a été le plus heureux choix de 2016 (il faut toutefois rappeler qu'en 2015 cela avait été exactement l’inverse), grâce en particulier au rebond des matières premières dont le pays est un important exportateur. En outre, après la destitution de Dilma Rousseff (cible de multiples accusations de corruption liées à l’« affaire Petrobas »), le nouveau président par intérim Michel Temer a réussi à relever le défi de rassurer les investisseurs sur les réformes à venir, en promettant d’engager une cure d'austérité budgétaire.
L'autre grand gagnant a été l'or, en dépit d’une performance très volatile, sa nature de valeur refuge lui ayant été bénéfique au cours du premier semestre, avant de traverser un second semestre plus difficile. Parti au début de l'année 2016 avec un cours de 1.104 $ l'once, le lingot a finalement clôturé l'année à 1.164 dollars, touchant son record annuel à 1.366 dollars au début du mois de juillet.
Année positive pour le secteur européen des ressources de base aussi, classe d'actifs qui voit quatre trackers présents dans le « Top 10 » 2016.
Les perdants
Du côté des perdants on parle chinois, avec sept ETF, généraux ou sectoriels, dédiés aux marchés boursiers de Shanghai et Shenzhen. L’Empire du milieu connaît une période de transition difficile, avec la transformation de son modèle économique des investissements et les exportations vers la consommation et les services. Sans oublier le facteur démographique : « d'ici 2030, le nombre de personnes en âge de travailler va baisser à 43 millions. En d'autres termes, en cette année, le pays asiatique aura plus de retraités que l'Union européenne, les États-Unis et du Japon réunis », explique Daniel Rohr, analyste actions chez Morningstar.
« L'expérience des pays qui sont passés d'une économie basée sur l'investissement à la consommation montre une décélération de la croissance », continue Daniel Rohr. « Mais l'histoire enseigne aussi que plus la phase d'expansion est importante, plus le ralentissement qui se produit après est profond ». Le consensus table sur une progression annuelle du PIB comprise entre 5 et 6% au cours des 10 prochaines années. « À notre avis, la croissance fluctuera plutôt entre 1,5 à 4,5% par an. Beaucoup dépendra des réformes qui seront mises en place pour soutenir la consommation des ménages, donner du crédit aux entreprises et stimuler la productivité », estime Rohr.
Le cacao, source de déception
La palme du pire ETF de l’année 2016 est un fonds dédié à une matière première agricole, le cacao, qui a souffert d'un effondrement spectaculaire des prix au cours du dernier trimestre de 2016, après près de trois ans de hausse (entre juin 2013 et juillet 2016, le prix du cacao sur le marché de Londres a bondi de 80%).
En raison de la spéculation, le marché du cacao est parfois sujet à des variations de cours spectaculaires. Parmi les facteurs qui expliquent cette volatilité, on trouve le contexte géopolitique des pays producteurs. 70 % des fèves proviennent d'Afrique de l'Ouest. Le plus gros producteur de cacao est la Côte d'Ivoire qui détient 43 % du marché. En seconde position, le Ghana produit 21 % des fèves de cacao. Suivent le Brésil et l'Indonésie. Le marché est par ailleurs tributaire des variations climatiques.