Sans l’Asie, la croissance mondiale de ces dernières années n’aurait sans doute pas la même allure. La contribution de la région au développement de la richesse mondiale est indéniable : de 6% du PIB mondial hors Japon au milieu des années 1990, la part de la région atteignait près de 15% en 2015.
Lorsque l’on compare la situation économique récente de l’Asie avec celle de 1996, avant la crise financière de 1997, on observe un certain nombre de similarités, mais également de différences entre les deux périodes.
Les divergences
Par rapport à 1996, la croissance réelle s’est sensiblement affaiblie, même si elle reste dans l’ensemble à des niveaux bien supérieurs à ceux observés dans les pays développés. Quelques pays affichent toujours une croissance soutenue : Chine, Inde, Malaisie, Indonésie se développent plus rapidement que l’Asie hors Japon. D’autres – Singapour, Corée du Sud, Taiwan, Thaïlande, Hong-Kong, croissent moins vite.
La principale différence porte sur l’état des balances courantes, bien plus solides aujourd’hui qu’il y a 20 ans. A quelques rares exceptions près (Inde, Indonésie), tous les pays de la région sont dans une situation d’excédent courant, un argument souvent mis en avant pour expliquer que les pays de la région ont « tiré les leçons » de la crise de 1997, en réformant leurs économies et surtout en cherchant à être moins dépendants des financements extérieurs.
C’est dans l’ensemble le cas, puisque le ratio de dette externe sur PIB est dans l’ensemble plus faible aujourd’hui qu’en 1996 (32,9% en 2015 contre 35,2% en 1996). De même, la plupart des pays ont adopté des régimes de change plus flexibles, ce qui a contribué à une plus grande volatilité de leurs devises (l’année 2015 en a été un bel exemple).
Les similarités
Il y a toutefois d’importantes similarités entre les deux périodes. La taille du secteur financier en est un : la distribution du crédit au secteur privé et la taille du secteur immobilier ont pris des proportions importantes.
Le comportement en matière d’inflation est également similaire ; pas en niveau absolu certes, mais en tendance, les pays de la région ont connu un recul du rythme d’inflation, ce qui avant la crise de 1997 avait conduit à un environnement de faible taux d’intérêt, lequel avait largement contribué à la constitution de bulles et un gonflement excessif du secteur financier.
L’autre élément de proximité entre les deux périodes porte sur le risque de contagion financière. « En 1996, une faible balance des paiements était une caractéristique commune parmi les pays de la région. Maintenant, les excès du cycle financier, qui semble bien plus important qu’en 1996, sont partagés : le crédit privé représente 140% du PIB, contre 111% en 1996. C’est une idée fausse de croire qu’un large excédent commercial protège un pays d’une crise financière locale. Certaines des crises les plus spectaculaires se sont produites dans des pays en excédent : les Etats-Unis avant la crise de 1929 et le Japon à la fin des années 1980 », rappellent les économistes de Nomura dans une note publiée en juillet dernier.
Les éléments nouveaux
Les nouveautés récentes pointent plus vers des facteurs de risque à court ou moyen terme. Le principal est la transmission d’une fragilité de la croissance chinoise à l’ensemble de la région. La plupart des pays ont toujours modèles économiques centrés sur la croissance de leurs exportations et sont également sensibles à l’évolution du cours des matières premières.
De nombreux pays ont certes vu le secteur des services prendre une part plus importante à la contribution de la richesse nationale, mais le poids de la Chine dans la région et l’existence de liens commerciaux et financiers avec la deuxième économie mondiale pourrait être une source de fragilité pour l’ensemble de la région, si ce n’est pour l’économie mondiale.
La taille des marchés financiers et les flux de fonds vers la région ont augmenté au fil des ans, à la fois à travers la taille des fonds ouverts et les flux de la gestion passive (ETF…).
Source : Nomura