Asie : revue des grandes classes d’actifs

Actions et obligations ont enregistré une performance positive l’an dernier.

Jocelyn Jovène 20.02.2017
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Le net ralentissement de la croissance nominale en Asie explique en partie la prudence des investisseurs à l’égard de la région et leur préférence pour la dette asiatique plutôt que pour les actions.

Asia indices performance 2016

Cette préférence s’explique aussi par des facteurs plus globaux, tels que les implications de l’élection de Donald Trump sur les relations commerciales avec les Etats-Unis, l’impact de l’appréciation du dollar américain sur les devises émergentes et les mouvements de capitaux, ou encore l’évolution incertaine du cours des matières premières.

Le calendrier politique dans la région pourrait également être une source de volatilité pour les marchés locaux avec notamment la tenue du 7ème plenum du Parti communiste chinois en novembre de cette année et un certain nombre d’élections locales ou nationales en Inde et en Thailande.

Devises

Une poursuite de l’appréciation du dollar (aidée par les annonces de hausses de taux à venir de la Fed) et du ralentissement de l’économie chinoise seraient de nature à peser sur les devises de la région. Dans un tel contexte, les devises des pays les plus exposés aux mouvements de capitaux, comme la Corée ou la Chine, pourraient être défavorisées.

Toutefois, si Donald Trump n’était pas en mesure de mettre en place certaines des mesures protectionnistes défavorables à la région, certaines devises comme la roupie indienne ou indonésienne pourrait être favorisées, selon certains stratégistes devises.

A ce jour, les pays avec lesquels les Etats-Unis ont un important déficit commercial sont, par ordre d’importance, la Chine, le Japon, l’Allemagne, le Mexique, l’Irlande, la Corée, l’Italie, l’Inde, la Malaisie et la Thailande.

Taux

La sensibilité des rendements obligataires asiatiques aux bons du Trésor a reculé depuis l’épisode du « Taper Tantrum » de juin 2013. Alors qu’elle avait été négative en 2013, la performance des indices obligataires asiatiques tels que le Markit iBoxx Asian USD Bond TR USD ou Markit iBoxx ALBI TR USD a été positive l’an dernier (respectivement +8,3% et +4,8%).

Mais là encore, les pays les plus sensibles à l’appréciation du dollar, comme la Malaisie (en raison d’un déficit externe et d’une forte détention des obligations gouvernementales par des non-résidents), ont vu leur devise souffrir et ont subi une volatilité des rendements obligataires.

Ceci s’est traduit par une performance bien plus volatile des marchés de dette en devise locale qu’en devise forte, comme le montre les deux graphiques suivants.

Indice de dette asiatique en devise forte (USD)

Markit iboxx asian usd bond tr usd

Source : Morningstar Direct

Indice de dette asiatique en devise locale

Markit iboxx ALBI TR USD

Source : Morningstar Direct

Le sort des marchés obligataires asiatiques sera dépendant de l’évolution des relations commerciales avec les Etats-Unis, du dollar, de la situation économique en Chine, et bien sûr des décisions de politique monétaire prises localement en réaction à la volatilité des devises et aux mouvements de capitaux (mesures de contrôle des changes par exemple).

Crédit

Le crédit asiatique a enregistré une performance positive en 2016 aidée notamment par une diminution des spreads de crédit « investment grade » et « high yield ». La performance de la classe d’actifs a néanmoins été pénalisée par des facteurs techniques (offre de papier importante dans la région au cours du second semestre) ainsi que certains événements de crédit (dégradation de certains émetteurs par les agences de notation).

Après un début d’année difficile lié aux incertitudes économiques entourant la croissance chinoise et à la chute du prix des matières premières, la classe d’actifs a plutôt fait preuve de résistance dans les phases de volatilité des marchés. Ces événements (Brexit, élection de Trump) n’ont eu qu’un impact temporaire sur sa valorisation. La quête de rendement a également aidé le mouvement de compression des spreads de crédit, les amenant à des niveaux relativement bas.

L’année 2017 pourrait donc s’annoncer plus volatile pour le crédit asiatique. Pour certains stratégistes, le profil de crédit des émetteurs pourrait se détériorer sur fond de moindre croissance des ventes du côté des émetteurs du secteur privé non-financier et d’augmentation des provisions douteuses dans le secteur financier.

Asia credit spread since 2014

Source : Deutsche Bank

 

Actions

Le lecteur peut se référer à notre article dédié à la classe d'actifs.

 

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.