L’Inde est l’un des pays qui croit le plus rapidement au monde. L’an dernier, la croissance réelle du PIB aurait atteint 6,9% selon certaines estimations, devant la Chine (+6,7%). Elle pourrait accélérer à 7,2% cette année, faisant du pays l’un de ceux qui se développent le plus rapidement en Asie et dans le monde.
L’Inde actuelle rappelle par certains aspects la Chine du début des années 2000, que l’on regarde des critères aussi variés que le PIB par habitant, la taille de la population, l’âge médian, le niveau d’urbanisation, de production d’électricité ou le niveau de la consommation des ménages.
Mais si le pays a mis en place de nombreuses réformes structurelles, qui pourrait en faire l’un des futurs poids lourds de l’économie mondiale dans la décennie à venir, il existe de nombreuses différences dans les choix de politique et la structure économique des deux pays.
La Chine a focalisé son développement sur les industries exportatrices, tandis que l’Inde a plus fait le pari des services. Le poids de l’économie informelle en Inde est significatif, puisqu’il concernerait 84% du salariat non-agricole dans le pays contre 32% en Chine.
La structure du gouvernement est également différente. Le processus d’urbanisation et d’industrialisation rapide en Chine est le résultat d’un pouvoir autoritaire et centralisé, alors que la structure du pouvoir en Inde donne plus d’importance aux 29 états qui constituent le pays. Ceci explique pourquoi les réformes de structure mises en place par le gouvernement du premier ministre Narendra Modi tardent à produire des effets, d’autant qu’elles n’ont été décidées que depuis peu (sa nomination remonte à mai 2014…).
La concurrence domestique est plus intense en Inde qu’en Chine, et surtout une plus grande exposition des grandes entreprises indiennes à la concurrence internationale que leur équivalent chinois. En effet, 12 des 25 plus grandes entreprises indiennes interviennent dans les secteurs de la consommation tels que le tabac, l’automobile, les services informatiques ou la pharmacie. On trouve parmi ces entreprises des sociétés comme Reliance Industries, Tata Consultancy Services, Infosys, Sun Pharma, Tata Motors ou Wipro. Le pays compte en effet 250 entreprises ayant une capitalisation boursière de plus de 1 milliard de dollars (contre 151 en Chine en 2000).
L’Inde est donc un marché important à considérer, mais malgré une dynamique de croissance rapide, les gains de productivité sont encore modestes et surtout le pays se trouve confronté à la concurrence d’autres nations où le coût du travail est encore plus faible.
Si la Chine a pu longtemps profiter du très faible coût du travail localement pour attirer des capitaux étrangers, l’Inde peut moins facilement utiliser de cet artifice : la banque de développement asiatique (ADB) estime que le coût unitaire du travail en Inde est inférieur de 50% à celui de la Chine ; mais le coût du travail unitaire au Bangladesh ou au Cambodge est respectivement 50% et 20% inférieur à celui de l’Inde !
L’Inde est d’une certaine manière prise en sandwich entre la Chine qui se focalise plus sur les activités à forte valeur ajoutée et d’autres pays asiatiques qui proposent des coûts du travail extrêmement bas et sont donc plus naturellement des zones d’implantation pour les firmes multinationales.
Cela n’enlève rien au potentiel de développement du marché domestique. L’Inde ne compte que 27 millions d’urbains disposant d’un revenu annuel de plus de 11.000 dollars. Mais elle compte aussi 129 millions d’urbains ayant un revenu annuel de 3.216 dollars et 120 millions d’habitants ruraux dont le revenu annuel est de 2.159 dollars.
Entre les facteurs positifs et les défis à relever, l’Inde a donc tous les ingrédients pour devenir une grande nation économique à moyen terme. Des perspectives que certains investisseurs ont intégrées tôt, à voir la performance de la Bourse indienne au cours des 10 dernières années (+10,6% par an en euros et +12,3% en roupies indiennes).