Le marché obligataire européen connaît un regain de volatilité à l’approche de la réunion de politique monétaire de la BCE, qui se tiendra demain. Les investisseurs s’interrogent des possibles divergences de vues au sein de l’institution de Francfort sur la politique à mener, entre une sortie plus rapide du « Quantitative Easing » ou la poursuite de la politique d’achats d’actifs, qui se terminera cette année.
En février, l’inflation de la zone euro a progressé de 2 % sur un an, après + 1,8 % en janvier, selon la première estimation publiée le 2 mars par Eurostat. L’inflation a progressé de 1,4 % en France, de 1,6 % en Italie, de 2,2 % en Allemagne, et même de 3 % en Espagne.
Ce rebond des prix est en partie dû à la politique accommodante de la BCE, mais aussi à la remontée du pétrole : le Brent est négocié actuellement à environ 55 dollars le baril contre moins de 30 dollars il y a un an.
Le marché n’attend pas de changement majeur. La BCE devrait maintenir le statu quo. La hausse surprise de l’inflation devrait alimenter le débat sur l’opportunité de poursuivre tel quel le programme d’achat d’actifs de la banque centrale.
« Se fondant sur une inflation sous-jacente quasi-stable et de faible ampleur, la BCE devrait réaffirmer que le retour de l’inflation à son niveau cible prendra du temps », a commenté dans une note Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires d’AllianzGI. « Le récent pic d’inflation, considéré comme transitoire, et qui ne s’observe pas dans l’ensemble de la zone euro, n’est donc pas de nature à modifier le cap de sa politique monétaire. »
Il est probable que la question du « tapering » ne soit pas abordée non plus lors de la réunion du comité – estime le gérant - Une communication sur la sortie du QE serait aujourd’hui prématurée et non sans danger, car la réaction brutale du marché irait à l’opposé du but recherché par la BCE.
« Le scénario macro-économique du début 2017 a certainement favorisé une stratégie axée sur l'inflation », affirme dans une note Chris Iggo, responsable des investissements en obligations chez AXA Investment Managers. « Cela signifie favoriser l'exposition sur le crédit, en particulier sur les titre à haut rendement et les obligations indexées sur l'inflation, au détriment des obligations d'État. »
Le facteur le plus important est l'élection en France. « L'incertitude sur le résultat a déjà produit un élargissement marqué de l'écart entre les obligations françaises et allemandes, et la ‘fuite vers la qualité’ pourrait être en partie responsable de la hausse des prix des obligations allemandes à court terme », a-t-il ajouté. L’écart entre le 10 ans allemand et français atteint actuellement 61 points de base contre 30 points de base fin octobre 2016.
Obligations Euro : le « Top 10 » du dernier mois
Dans ce contexte, les fonds de placement de la catégorie Obligations EUR disponibles à la vente en France ont marqué une performance légèrement positive de 0,38% en moyenne au cours du dernier mois (données en euros au 7 mars). Sur 754 fonds au sein de cette catégorie, 315 ont battu la moyenne et 14 ont affiché une performance supérieure à 1,50%.
En tête du classement, nous trouvons le fonds H2O Multibonds I, lancé en 2010 et géré selon un processus de gestion obligataire flexible cherchant à tirer parti des évolutions des marchés de taux internationaux et de changes, avec un biais structurellement investi sur les pays développés. Actuellement, le portefeuille est fortement exposé aux obligations d'État de l'Europe périphérique : Italie (18%), Portugal (35%), Espagne (10%) et Grèce (18%). Vient ensuite le fonds SSgA EMU Government Long Bond Index Fund I, qui investit dans des obligations à long terme et gère 113 millions d’euros. Enfin, pour clore le podium, le fonds MAM Taux Variables C, créé en 1984, il privilégie obligations à taux variables ou indexées.