Cet article de Richard Whitehall, gérant au sein de Morningstar Investment Management Europe, a été initialement publié en février 2017. Il a été partiellement édité.
2017 marque la dixième année de la crise financière. Au cours des dix années qui se sont écoulées, les investisseurs ont connu des difficultés croissantes pour trouver du rendement en dehors des sources traditionnelles que sont le cash ou les obligations.
Cela s’explique principalement par les politiques des banques centrales qui ont comprimé les rendements obligataires pour inciter les investisseurs à se porter vers des classes d’actifs plus risquées et pour relancer par ce biais l’activité économique.
L’impact des politiques s’illustre dans le graphique suivant :
Source : Morningstar Investment Management Europe
L’effondrement des rendements s’inscrit en fait dans une tendance de long terme, antérieure à la crise. Les causes sont bien connues : participation de la Chine au commerce mondial, vieillissement démographique et recul des gains de productivité, ciblage d’inflation par les autorités monétaires.
Source : Morningstar Direct, données à fin février 2017
Le chute des rendements a été à double tranchant pour les investisseurs. D’un côté, la baisse des rendements s’est traduite par une appréciation des poches obligataires, certaines catégories d’obligations produisant un rendement équivalent voire supérieur aux actions pour un risque moindre.
D’un autre côté, le rendement produit par un portefeuille obligataire n’a cessé de chuter, ce qui a poussé un certain nombre d’investisseurs institutionnels à prendre plus de risque pour générer un rendement équivalent ou alors à accepter un rendement en baisse.
Cette situation est également délicate pour les conseillers financiers qui doivent atteindre un niveau de rendement satisfaisant pour leurs clients sans les conduire à prendre des risques inconsidérés.
Or ces risques peuvent se matérialiser de différentes façons. L’an dernier, l’annonce du Brexit avait provoqué un mouvement de panique sur les fonds immobiliers au Royaume-Uni, obligeant certaines sociétés de gestion à geler temporairement les retraits.
2017 sera une année tout aussi compliquée pour les investisseurs. Non seulement ces derniers doivent apprendre à mieux concilier rendement et risque, mais ce dernier aspect est encore plus délicat dans un environnement de remontée sans doute durable des taux d’intérêt.
Lorsque les taux remontent, les actifs en mesure de générer du rendement (souvent appelés « bond proxies ») risquent non seulement de sous-performer les autres classes d’actifs, mais dans certains cas peuvent se traduire par une perte en capital.
Comme l’illustre le tableau précédent, la seconde partie de 2016 n’a pas été de tout repos pour les investisseurs, de nombreuses catégories obligataires générant des pertes pour les investisseurs.
Il faut en outre considérer le fait que tous les investisseurs n’ont pas le même objectif en matière de rendement. Pour certains, c’est une contrainte incontournable qui prime sur tout le reste. Pour d’autres, gérer des portefeuilles orientés vers le rendement rend difficile la prise de décision.
La valorisation de la plupart des catégories obligataires est tendue. Seules la dette émergente et les actions émergentes semblent encore dignes d’intérêt. Toutefois, la tolérance au risque de certains investisseurs pèsera sur leur capacité à s’exposer à ces classes d’actifs.
Cela explique pourquoi sur le long terme d’autres investisseurs devront prendre la difficile décision d’augmenter la part des liquidités dans leur allocation. Cette stratégie ne produit pas de rendement à court terme. C’est un choix difficile mais indispensable pour les investisseurs qui cherchent à protéger leur capital pour conserver une capacité de saisir des opportunités offrant de meilleurs rendements sur le long terme lorsqu’elles se présenteront.