En dépit de la remontée des indicateurs de sentiment économique et les espoirs liés à la mise en place de politiques de relance budgétaire, les risques de déception demeurent, selon Véronique Riches-Flores.
La fondatrice et présidente du cabinet indépendant RF Research a estimé jeudi que le rebond des marchés financiers s’explique principalement par les effets prix (remontée du cours des matières premières) et l’espoir de la mise en place de politiques de relance qui pourraient prendre plus de temps à se traduire dans les faits.
Cet environnement inflationniste est certes favorable aux profits des entreprises et à la reprise de l’investissement (regain de pouvoir de négociation), mais il défavorise le consommateur (perte de pouvoir d’achat), lequel a été ces dernières années le principal facteur de soutien de la croissance dans la plupart des pays développés.
Or, au-delà de l’amélioration des indicateurs de sentiment que l’on peut observer un peu partout dans le monde, l’absence de rebond de la croissance potentielle pourrait jouer le rôle de force de retour à la réalité pour les marchés.
Ce manque de reprise reflète les défis structurels de l’économie mondiale : augmentation des inégalités, paupérisation de certaines catégories de la population (jeunes notamment), développement du multi-salariat… Et la mise en place de politiques de relance dans certains pays ne répondra pas à ces problèmes.
Et il permet de comprendre pourquoi les politiques monétaires demeurent accommodantes. Véronique Riches-Flores doute d’ailleurs toujours de la capacité des banques centrales à normaliser leur politique – même si elle anticipe que la Fed décidera de 4 hausses de taux cette année mais de 2 seulement en 2018.
« Aujourd’hui, l’inflation est stabilisée, on observe une légère hausse de la productivité, et les taux d’intérêt réels sont en repli. Mais les incertitudes quant à l’évolution à venir de l’économie mondiale sont encore très grandes : quel sera l’impact de la relance budgétaire sur la croissance potentielle ? A ce stade, nous n’avons pas de visibilité suffisante sur les choix économiques qui seront faits même si on en a les grandes lignes », a-t-elle expliqué.
Malgré ce contexte délicat, RF Research considère qu’une allocation d’actifs peut encore faire la place aux actifs risqués (actions européennes notamment), et fait un pari d’une appréciation de l’euro et des devises émergentes face au dollar.
Elle est neutre à positive sur les obligations souveraines japonaises et émergentes, ainsi que sur l’or qui reste un actif de protection contre un regain de volatilité sur les marchés financiers.
Scénarios macro-économiques envisageables
Source: RF Research