A fin mars 2017, environ la moitié des fonds actions sous-performaient leur moyenne de catégorie Morningstar sur 5 ans glissant, et les trois quart sous-performaient leur indice de référence.
L’annonce par le nouveau patron de la gestion active actions, Mark Wiseman, du licenciement de 70 gérants dans le cadre d’un plan de redressement de l’activité a provoqué un certain émoi.
Les observateurs et les dirigeants de BlackRock eux-mêmes ont expliqué que la décision de changer la gestion de 11% des actifs institutionnels et grand public d’une approche traditionnelle de sélection de titres à une approche quantitative est un signe d’une situation compliquée pour la gestion active.
L’opération devrait se traduire par une baisse des frais de gestion, ce qui se traduira par une perte de revenu de 30 millions de dollars. Il faudra patienter pour voir si cette nouvelle approche donne plus de résultats.
Voici quelques commentaires sur cette décision.
L’équipe Scientific Active Equity (SAE), basée à San Francisco, va reprendre le contrôle de 7 fonds qui employaient un mix de gestion fondamentale et un mix de gestion fondamentale et quantitative. SAE gèrera ces fonds de manière purement quantitative, en les labellisant d’un nouveau acronyme (« Advantage »).
Une fois restructurés et « repricés », ces fonds et les fonds déjà gérés par l’équipe seront que cœur de ce que BlackRock appelle son offre « Core Alpha ».
Cette stratégie n’est pas nouvelle. Elle avait été employée pour l’offre iShares Core ETF, qui a été populaire depuis son lancement il y a 5 ans.
L’adoption des approches purement quantitative n’est pas récente pour BlackRock. La société de gestion a longtemps mis en avant ses investissements technologiques. Son système de gestion du risque et des portefeuilles Aladdin fait partie de son système nerveux central depuis sa fondation.
Depuis le rachat de Barclays Global Investors et iShares en 2009, BlackRock n’a cessé d’investir dans SAE, et son directeur général Larry Fink a souvent mis en avant les performances, les moyens et les innovations de cette activité. La percée de SAE n’est donc pas une nouveauté.
Quelques changements majeurs sont attendus. Les fonds BlackRock Global SmallCap et BlackRock Value Opportunities, gérés par Murali Balaraman et John Coyle depuis 2005 et 2009 respectivement, vont devenir des offres meilleur marché, mais très différentes. Leurs frais seront réduits à 36 et 60 points de base respectivement.
Le fonds BlackRock Global Opportunité (noté Neutre par Morningstar), un fonds d’actions internationales géré par une équipe de gérants depuis 2006, va devenir le fonds BlackRock Advantage International, géré de manière quantitative avec pour objectif de battre l’indice MSCI EAFE, pour des frais inférieurs de 42 points de base.
Le fonds BlackRock Flexible Equity, un fonds concentré ayant un « active share » élevé mais qui restait attaché à son indice de référence, va devenir le fonds BlackRock Advantage Large Cap Growth, avec des frais réduits de 35 points de base.
D’autres changements touchent des fonds gérés précédemment SAE notamment une stratégie sur les actions émergentes, qui passera d’une approche Long/short à « Long only » avec au passage une baisse de 81 points de base de ses frais.
Les annonces de BlackRock ne doivent toutefois pas conduire à penser que la société abandonne la gestion active. De nouvelles ressources et de nouveaux fonds viennent renforcer l’équipe en charge de la sélection de titres (« bottom-up »). BlackRock étiquette ces offres avec les labels « high conviction alpha », « outcome oriented » ou « country and sector funds ».
Certains fonds, comme le BlackRock Equity Dividend, a été renforcé (il est noté Bronze par la recherche Morningstar). L’équipe en charge de ce fonds, sous la responsabilité de Tony DeSpirito, va également reprendre la gestion des fonds BlackRock Mid Cap Value Opportunities et BlackRock US Opportunities (notés Neutre) et les rebaptiser BlackRock Mid Cap Dividend et BlackRock High Equity Income.
D’autres gérants, comme Lawrence Kemp, ont survécu à la restructuration et voient leurs attributions également élargies.
D’autres gérants sont moins chanceux. Le départ le plus notable est celui de Bart Geer, gérant du fonds BlackRock Basic Value depuis octobre 2012, dont la gestion sera reprise par Carrie King, co-gérante, aux côtés de Joe Wolfe, un analyste quantitatif qui a aidé à mettre en place une approche quantitative.