Les investisseurs « durables » préfèrent les fonds passifs traditionnels à ceux cotés sur les marchés boursiers, du moins si l’on regarde les chiffres de collecte. Selon les données Morningstar, en fait, les Exchange Traded Fund classés comme « socialement responsables » (35 fonds disponibles en Europe) ont recueilli au cours de la première moitié de l'année 370,5 millions d'euros, sur une collecte totale de 57,4 milliards d'euros en Europe au cours de la même période, soit 0,65% des flux.
Étonnamment, la composante obligataire est celle qui a attiré le plus de capitaux. Les six trackers à revenu fixe ont en effet encaissé ensemble 300 millions d’euros, contre les 70 millions des 29 ETF actions restants.
Ce qui a pesé considérablement sur ce résultat, ce sont les 502 millions d'euros de rachats nets qui ont affecté le BNP Paribas Easy MSCI Europe Ex Controversial Weapons UCITS ETF, le plus important ETF d’Europe en termes d'actifs parmi ceux qui suivent les critères ESG. Le fonds est exposé au marché boursier européen, à l'exclusion des sociétés impliquées dans des activités liées à la production et le commerce d'armes controversées. Cette approche est également conforme aux recommandations de l'AFG sur l'interdiction du financement des armes à sous-munitions et des mines terrestres.
En revanche, le tracker qui a collecté le plus au premier semestre est le UBS MSCI EMU Socially Responsible UCITS ETF A-dis (EUR), dont le benchmark de référence utilise une analyse ESG qui filtre les 241 composants de l’indice MSCI EMU pour obtenir 58 actions « durables ». Le tableau ci-dessous présente les 10 premiers ETF « responsables » classés par entrées nettes au cours du premier semestre.
Lorsque l’on analyse l'autre grande famille des instruments passifs, les fonds indiciels traditionnels, les produits avec un mandat ESG (116 en Europe, dont 15 sont disponibles en France, cf tableau ci-dessous) ont enregistré des résultats bien meilleurs que leurs « cousins » négociés en Bourse, avec des entrées nettes à hauteur de 2,8 milliards d’euros, sur 31,6 milliards recueillis par les fonds indiciels au cours du premier semestre en Europe (environ 9% du total).
Dans le cas des fonds passifs non cotés, les produits actions (109 fonds) pèsent plus de 90% des entrées.
Ces différences peuvent être une conséquence de la taille différente des deux offres (35 ETF contre 116 fonds indiciels traditionnels) et de la différente nature des deux instruments, bien que passifs tous les deux. Les investisseurs qui recherchent une approche ESG ont un horizon temporel de long terme et jugent peut-être moins important le fait de pouvoir négocier les fonds en Bourse en temps réel.
En ce qui concerne la pénurie d’offres obligataires « durables », cela n'a rien de nouveau au sein de la gestion passive, étant donné que les indices obligataires suivants une stratégie ESG sont encore une niche de marché.