La situation de l’économie française s’améliore très progressivement. La croissance du PIB devrait se situer autour de 1,6% par an cette année et l’an prochain, estime l’OCDE dans une étude sur le pays publiée ce jeudi.
Cette situation devrait donner aux pouvoirs publics l’occasion de poursuivre les efforts déjà entrepris pour permettre d’accroître la croissance potentielle, car de nombreux défis de long terme sont à relever.
Si « l’économie française se caractérise par une productivité et un niveau de vie élevés, une longue espérance de vie en bonne santé ainsi qu’un équilibre vie professionnelle-vie privée satisfaisant en moyenne (…) la croissance potentielle a reculé, principalement à cause de l’affaiblissement de la productivité tendancielle », observe l’organisation au début de son rapport.
« Le marché du travail s’améliore, mais les gains de productivité son trop modestes pour maintenir à long terme le niveau de protection sociale, des services publics de qualité et des revenus individuels en hausse. (…) Combiné avec des impôts complexes et élevés, ceci pèse sur l’emploi, l’activité entrepreneuriale et l’innovation. Trop d’adultes ont de faibles compétences de base et leur accès à la formation pâtit de la complexité du système de formation et de l’usage excessif des contrats à durée déterminée. »
L’organisation préconise une stratégie de long terme pour réduire le poids des dépenses publiques et les impôts, mais qui passe par une baisse des dépenses publiques, la suppression des taux de TVA réduits, la mise en place d’un système de retraite universel.
L’organisation recommande en outre des efforts en matière de prévention qui seraient une source d’économies en matière de dépenses de santé en particulier en ce qui concerne les maladies chroniques.
Face aux manques de compétences des actifs les moins qualifiés, l’OCDE estime que le dispositif de formation en France est trop complexe et préconise une simplification du CPF (compte personnel de formation).
Trop de jeunes sont exclus du marché du travail. Pour y répondre, l’organisation estime qu’améliorer la rémunération et offrir « des carrières attractives aux professeurs excellents qui travaillent dans des écoles accueillant de nombreux élèves issus des milieux défavorisés » constitue une piste à explorer. « Développer l’apprentissage dans les lycées professionnels » et « favoriser des pratiques pédagogiques diversifiées et innovantes » permettraient de contribuer à limiter le taux d’échec scolaire.
La réforme du marché du travail figure également en bonne place pour améliorer le niveau de productivité. « Le droit du travail ne laisse pas assez de flexibilité aux entreprises et à leurs employés pour négocier les conditions de travail et les salaires. (…) Un renforcement de la négociation collective devrait pourtant assurer un rapport de force équilibré entre employés et employeurs », souligne l’OCDE.
Le rapport comprend également un chapitre sur les quartiers défavorisés. Observant que les salariés de ces quartiers « souffrent d’un accès insuffisant à l’emploi et aux services publics », que « la faible flexibilité de l’offre et la rigidité de l’attribution des logements sociaux entravent l’accès au logement des foyers les plus défavorisés », l’organisation économique recommande de profiter de programmes de rénovation des quartiers pauvres pour améliorer les compétences de base et offrir des stages professionnels, mieux cibler les dépenses d’infrastructures (transports publics, garde d’enfants…) et augmenter les suppléments de loyers pour les résidents dont les revenus dépassent le plafond d’éligibilité.
Une bonne partie de ces préconisations se retrouvent dans le programme de l’actuel gouvernement.
Les recommandations de l’OCDE
Rendre la fiscalité plus favorable à l’emploi et à la productivité et maintenir la protection sociale
Renforcer la croissance de la productivité
Augmenter l’emploi de qualité
Améliorer les conditions de vie dans les quartiers défavorisés
Prévisions économiques pour la France
Source : OCDE, septembre 2017