Un certain nombre de travaux académiques ont de longue date expliqué en quoi la gestion passive – le fait de répliquer la performance d’un indice de marché – est plus efficace sur le long terme que de confier son argent à un gérant actif, qui aura le plus grand mal à battre leur indice de référence.
La raison de cette sous-performance de la part des gérants actifs tient aux frais qu’ils facturent aux investisseurs.
Logiquement, après la crise financière de 2008, ces derniers ont réévalué leurs options et ont largement plébiscité les gestions passives. Cela, en plus du durcissement de la réglementation et la demande d’une plus grande transparence, ont mis encore plus en exergue le poids des frais de gestion et leur prise en compte dans le processus de sélection des gérants.
Dispersion entre actifs
La notion de dispersion peut avoir plusieurs significations, aussi nous la définissons comme la fourchette de rendements que l’on peut attendre d’un fonds ou d’un actif financier.
Le graphique suivant illustre l’évolution de la dispersion des performances des marchés actions en comparant ceux qui performent le mieux de ceux qui performent le moins bien, à travers un univers de 47 marchés et l’écart entre le 10ème et le 90ème percentiles sur une période glissante de 5 ans.
L’objectif consiste à identifier le degré de dispersion entre marchés actions au sein duquel un investisseur devra faire un choix. Au cours des vingt dernières années, ce degré de dispersion s’est réduit et se situe à un plus bas historique (13% contre un pic de 40% en 1998).
Il faut être prudent sur la pérennité d’une telle observation, mais un tel chiffre illustre bien l’un des défis auxquels les gérants actifs sont confrontés aujourd’hui.
Pour relier ces deux éléments, nous avons regardé quel était le coefficient de détermination entre le niveau de dispersion observé sur les marchés et le niveau de rendement excédentaire obtenu par les gérants de la catégorie Actions internationales flexibles par rapport à son indice de référence.
La relation entre les deux variables est relativement élevée, puisque le coefficient de détermination (R²) est de 0,85 depuis 2005, ce qui signifie qu’environ 85% de la performance des gérants actifs de la catégorie est expliqué par l’évolution de la dispersion entre marchés actions.
Cette relation est-elle une pure coïncidence ou y a-t-il des éléments de causalité ? Si c’est le cas, est-ce structurel ou « conjoncturel » ?
Une explication structurelle de la difficulté des gérants actifs à battre leur indice de référence est sans doute d’ordre informationnel : l’accès à l’information s’étant massivement démocratisé, surperformer les indices est relativement plus difficile.
Mais l’analyse montre aussi l’impact que peuvent avoir certains facteurs plus conjoncturels. Ainsi, si l’on s’arrête sur les phases de récessions économiques, on s’aperçoit d’une augmentation de la dispersion des performances. Ceci laisse supposer que durant ces périodes, certains gérants actifs parviennent à sortir du lot.
En outre, le faible degré de dispersion peut s’expliquer par la mise en place de politique monétaires non-conventionnelles, qui ont comprimé les primes de risque de nombreuses classes d’actifs et poussé les investisseurs vers les actifs risqués – contribuant largement à l’appréciation des multiples de valorisation et des marchés boursiers.
Le retour de la volatilité ou un mouvement de correction serait sans doute de nature à faire réapparaître une plus grande divergence entre places boursières, et permettrait aux meilleurs gérants actifs de se surperformer.
Ces éléments jouent un rôle dans l’évaluation et la sélection d’un gérant actif. S’il faut reconnaître que ces derniers traversent une passe difficile depuis plusieurs années, il est important que les investisseurs soient en mesure de faire le tri dans l’univers de la gestion active pour sélectionner les gérants les mieux à même de préserver leur capital dans les phases de correction des marchés financiers.