La dette émergente a récemment connu un regain d’intérêt, qui reflète à la fois la recherche de rendement des investisseurs et l’amélioration de la gouvernance et des performances économiques de plusieurs pays au sein de cette classe d’actifs.
Après quelques années difficiles, plusieurs pays ont engagé des réformes de structure ou ont accéléré la transition de leur modèle économique, ce qui leur a permis de mieux maîtriser l’inflation et de dégager des excédents courants.
Malgré ces progrès, le risque pays reste un facteur que les investisseurs ne peuvent totalement négliger (cf le cas de l’Argentine il y a quelques années ou le Venezuela dernièrement).
« La plupart des acteurs du marché ne s'attendaient pas à un ‘événement de crédit’ cette année, mais plutôt l'année prochaine, en évaluant les niveaux de négociation des obligations à court terme », souligne Claudia Calich, gérante du M&G Emerging Markets Bond Fund, dans une note. « Cela dit, je m'attends à une contagion très limitée aux crédits d’autres marchés émergents, car le Venezuela fait face à une crise économique et politique depuis de nombreuses années, ce qui a considérablement affaibli sa capacité de paiement », a-t-elle ajouté.
Les raisons d'investir dans les marchés émergents évoluent. Le succès économique de la plupart des pays émergents reposait sur un modèle axé sur les exportations. Dans le contexte de l'après-crise financière de 2008, face à la décélération de la demande des pays développés, certains pays émergents ont décidé de se tourner vers des sources de croissance domestiques (services, consommation), souvent pour accompagner l’enrichissement de leur population.
Cette transition vers un nouveau modèle économique est difficile et risque de prendre de nombreuses années. Cela explique les taux de croissance attendus comparativement plus bas pour de nombreuses économies émergentes. En outre, les mesures prises pour stimuler la demande intérieure pourraient entraîner une hausse des dépenses publiques, ce qui pourrait peser sur la valorisation des obligations.
Au-delà de la devise dans laquelle est libellée l’émission de dette publique, les investisseurs doivent suivre de près l'évolution des changes, avec un œil très attentif aux variations du dollar, reflet de la politique monétaire de la Fed. Les obligations émises par les pays émergents pourraient être négativement affectées par toute nouvelle normalisation (c'est-à-dire une hausse des taux d'intérêt) de la politique monétaire américaine. Dans l'ensemble, bien que très lent, le processus de normalisation de la Réserve fédérale soutient le dollar américain. Cliquez ici pour regarder la vidéo interview Il y a encore de la valeur dans la dette émergente.
L’offre européenne
Pour les investisseurs du Vieux continent, huit fonds passifs négociés en Bourse offrent une exposition à la catégorie Obligations Marchés Emergents, dont deux cotés à la Bourse de Paris.
Le seul fonds de la catégorie couvert par la recherche des analystes Morningstar est le fonds iShares J.P. Morgan $ EM Bond UCITS ETF USD (Dist). Il utilise la technique de réplication physique optimisée pour fournir les performances de l’indice J.P. Morgan EMBI Global Core, un benchmark libellé en dollars qui distribue des dividendes sur une base mensuelle. Compte tenu du grand nombre de constituants de l'indice, iShares utilise un échantillonnage stratifié pour construire le fonds. L'indice est divisé en sections, chacune représentant des facteurs de risque clés, tels que la maturité, la devise, le pays, la notation et le secteur. Les gérants choisissent ensuite les obligations incluses dans l'indice qui imitent le profil de risque de chaque section. Le résultat global est un portefeuille qui représente le profil de risque global de l'indice tout en permettant d'éviter d'acheter des obligations qui souffrent d'illiquidité. Cet ETF a eu tendance à détenir de 300 à 400 obligations, de tous les émetteurs inclus dans l'indice de référence. Actuellement, le pays le plus représenté est le Mexique (6,2%), suivi par l'Indonésie (4,9%), la Russie (4,4%) et la Turquie 4,3%). Actuellement (au 16 novembre 2017), 1,36% du portefeuille du fonds est exposé aux obligations vénézuéliennes.
iShares peut effectuer des prêts de titres (jusqu'à 100% du portefeuille). BlackRock, sa maison-mère, agit en tant que gestionnaire de placements. Les opérations de prêt sont couvertes par une garantie, représentée par un panier conforme aux règles UCITS, dont la valeur (calculés sur une base quotidienne) est supérieure à celle des titres prêtés. Les revenus provenant des prêts de titres, sont divisés à hauteur de 62,5%/37,5% entre l’ETF et BlackRock.
Les frais annuels sont de 0,45%, parmi les moins chers de la catégorie. Néanmoins, comparés avec les autres fonds indiciels de la classe d’actifs, les frais semblent un peu élevés, les nouveaux produits passifs offrant une exposition aux emprunts d’Etat émergents affichent des frais courants autour de 25 à 30 points de base.
Cela dit, dans l’ensemble, les analystes de Morningstar trouvent qu’il s'agisse d’un produit convaincant et attribuent la note « Silver ».