La vingt-troisième édition de la conférence annuelle de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP23) s'est terminée samedi dernier sans laisser de traces significatives. Cette édition a été vécue plus comme un rendez-vous de transition, préparatoire à la COP24, qui se déroulera en décembre 2018 à Katowice, en Pologne. C’est l’année prochaine, en effet, que devront être finalisées les dispositions du « Rule Book », le guide de mise en œuvre de l’accord de Paris conclu en décembre 2015 dans l’espoir de limiter le réchauffement de la planète sous le seuil des 2 °C.
Si politiquement ces rendez-vous ne sont pas toujours efficaces, ils ont toutefois le mérite de remettre sur la table les problèmes environnementaux dans le monde de l'investissement. D’ailleurs, comme l’a montré le récent sondage Schroders Global Investor Study 2017, une enquête menée auprès de plus de 22.000 investisseurs particuliers dans 30 pays, les investisseurs considèrent les investissements durables comme un moyen de conduire non seulement des changements sociétaux, sociaux et environnementaux, mais aussi de générer des profits.
En particulier, les investisseurs cherchent de plus en plus à avoir un impact environnemental ou social concret à travers leurs dotations en capital. Ce que l’on appelle « impact investing » en anglais, ou investissement à impact, est un concept né en 2007 aux Etats-Unis et qu’on pourrait qualifier comme la dernière génération de l’approche ESG. Cette activité regroupe tous les investissements qui cherchent à délivrer à la fois une performance financière et un impact social ou environnemental mesurable.
Quelques chiffres
D’après l’Annual Impact Investor Survey 2017, la dernière étude sur le secteur publiée par l’organisation à but non lucratif GIIN, le marché mondial de l’« impact investing » vaudrait actuellement 114 milliards de dollars, contre 15,2 milliards à fin 2015. Le sondage a interrogé 208 investisseurs dans le monde. Il s'agit essentiellement d'investisseurs particuliers à travers des family offices, des investisseurs éthiques et des institutions de développement, mais aussi des fonds de pension et des assureurs, investis directement ou à travers des sociétés de gestion.
L’investissement à impact, qui représente encore une petite partie des actifs investis d’une façon « socialement responsable » ou « durable », reste certes une niche à l’échelle de la finance mondiale mais le rythme de croissance et les acteurs impliqués attestent de son développement, de sorte que le Monitor Institute de Deloitte a estimé que la classe d’actifs pourrait atteindre 500 milliards de dollars d’encours sous gestion en 2019. En outre, à côté des grandes banques internationales (JP Morgan, Morgan Stanley, UBS, Credit Suisse, etc.) qui ont ouvert des départements dans ce domaine commencent à apparaître des organisations, des fonds et une clientèle spécifique pour ce type d’investissement.
La question de la mesure de l'impact
Aujourd’hui, face à l'intérêt croissant du marché, le problème principal concerne le fait d’arriver à prouver la réalité de ces impacts, ce qui implique de les définir précisément puis de les évaluer à l'aide d'indicateurs qui restent à définir, en suivant des méthodologies partagées. Si pour les impact environnementaux la question est moins épineuse (ils peuvent se mesurer en tonnes de CO2 évitées, millions de litres d'eaux usées traitées, hectares sauvés de la déforestation ou tonnes de déchets recyclées), pour les impacts sociaux la tâche est plus ardue.
En ce sens, les sociétés de gestion peuvent trouver de l'aide dans les 17 objectifs de développement durable (qui s'accompagnent de 169 cibles liées entre elles) lancés par les Nations Unies en septembre 2015. A partir de ce schéma, il est essentiel que chaque société de gestion adopte un système de reporting capable de communiquer clairement et simplement quels sont les impacts concrets des investissements réalisés.
L’offre française
Pour les investisseurs français, 20 fonds peuvent être considérés à impact, présents dans différentes catégories : des actions internationales aux obligations en euros, en passant par les fonds d'allocation, aux produits à capital protégé (voir le tableau ci-dessous). Parmi ceux-ci, il y a huit fonds communs de placement d'entreprise, c’est-à-dire des produits qui ont pour vocation exclusive de recueillir les sommes issues de l'épargne salariale.
Le fonds Impact ES Actions Europe I se distingue par ses actifs sous gestion (plus d’un milliard d’euros). Ce fonds exposé aux actions européennes de grandes capitalisations de croissance bénéficie d’une note de durabilité Morningstar de cinq globes (le maximum) et une quantitative de trois étoiles.