Faiblesse de la volatilité, valorisations élevées, complaisance des investisseurs qui pourrait virer à l’euphorie puis à la panique… Les années à venir (et pas uniquement 2018) ne seront pas de tout repos pour les investisseurs.
Le consensus attend une croissance économique mondiale solide et une inflation qui pourrait demeurer faible pendant une partie de l’année. Ce scénario, qui ressemble quelque peu à la fin de l’année 2017, pourrait être à nouveau favorable aux actions au détriment des obligations.
Mais rien n’est gagné à ce stade. Voici un panorama des risques tels que perçus par les investisseurs dans le monde, au travers de l’enquête mensuelle de Bank of America Merrill Lynch.
Nous avons également regardé ce que les courtiers envisagent comme risques dans leurs prévisions d’allocation pour 2018.
Parmi les risques les plus importants, la dernière enquête de Merrill Lynch pointe une erreur de politique monétaire de la Fed, un krach obligataire et une crise financière en Chine.
Le premier risque revient de manière systématique dans l’enquête de la banque américaine au cours des 4 derniers mois. Il pourrait se matérialiser si l’inflation accélérait de manière inattendue, forçant la Fed à relever plus rapidement que prévu ses taux directeurs.
Un tel mouvement, s’il n’était pas correctement anticipé par le marché, pourrait créer un sursaut de volatilité avec des impacts tant pour les actions (rappelez-vous que certains investisseurs ont une position « short » sur la volatilité) que pour les obligations, avec un risque d’inversion de la courbe des taux, situation qui est généralement annonciatrice d’une récession à venir.
L’autre accident sans doute imprévisible à ce stade est une crise de la dette en Chine. Contrairement aux craintes de début d’année, les autorités chinoises semblent contrôler le ralentissement de l’économie, même si cela conduit à un gonflement de l’endettement et à une diminution des réserves de change.
L’endettement n’est pas qu’un problème chinois. Au niveau mondial il a en effet largement dépassé le niveau de 2007 et de nombreux investisseurs s’inquiètent de l’augmentation du levier financier au niveau des Etats, des entreprises et des ménages dans certains pays (avec à la clef la formation de bulles dans l’immobilier par exemple).
Il est encore difficile de déterminer si ces risques se matérialiseront en 2018. Mais ils existent et toute fragilité de la croissance économique mondiale pourrait conduire les investisseurs à réévaluer leurs positions et changer d’allocation.
Parmi les risques identifiés par certains courtiers, certains évoquent un ralentissement plus rapide que prévu de l’économie chinoise, un déclin des indicateurs avancés (PMI), devenus le nouveau phare des marchés, au niveau mondial.
Le risque géopolitique ou politique ne peut être totalement écarté – les dernières élections en Catalogne sont là pour le rappeler.
La réduction du bilan de la Fed est un risque dont on mesure mal les conséquences à ce stade. Un raisonnement logique conduirait à penser que si l’augmentation du bilan de la Fed a largement alimenté le rebond de la Bourse américaine ces dernières années, sa réduction pourrait entraîner le mouvement inverse.
Une dernière raison de penser aux différents risques qui pourraient affecter les marchés tient aux niveaux de valorisation des classes d’actifs. Tout est cher ou presque. L’investisseur qui souhaite construire une allocation aujourd’hui est confronté à des perspectives de rendement qui ne cessent d’être revues à la baisse.
Le principal défi pour les investisseurs sera sans doute de ne pas se laisser entraîner par un mouvement d’euphorie ou de repérer quand cela arrivera.
Comme le notaient récemment les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch, la dernière phase d’un cycle de marché – l’euphorie – est généralement celle où les rendements des actions sont les plus solides.
Au cours des 80 dernières années aux Etats-Unis, le rendement minimum lors des rallyes boursiers a été de 30%, avec un rendement médian de 45%. 1937 et 1987 (cette dernière année ayant fait suite à une importante réforme fiscale en 1986, à laquelle beaucoup font référence aujourd’hui) sont deux années qui sont restées dans les annales avec des bonds de 129% et 93% pour les actions.
Au cours des 12 et 24 derniers mois, la Bourse américaine a enregistré des gains de respectivement 21% et 31%, proches du référentiel historique, mais encore loin des phases qui ont précédé des corrections majeures.
En somme, l’environnement actuel des marchés fait penser au titre d’une célèbre chanson de Jean-Jacques Goldman. Et comme l’avait justement rappelé l’ancien patron de Citigroup, Chuck Prince, c’est lorsque la musique s’arrête (i.e. les liquidités se retirent) que les choses sérieuses commencent.