Après 30 ans de « bull market », se pose la question du rôle que peuvent jouer les obligations dans une allocation. Le rendement des obligations est passé de 15% au début des années 1980 à environ 2% aujourd’hui. La classe d’actifs a produit des rendements exceptionnels pour les investisseurs ne souhaitant pas prendre trop de risque.
Aujourd’hui, la question est de savoir à quoi servent les obligations. Ces dernières peuvent jouer deux rôles : une source de rendement ; et un moyen de diversifier le risque actions.
Une source de rendement
Le défi pour les investisseurs obligataires est aujourd’hui double : les rendements réels attendus pour la classe d’actifs ont diminué et la sensibilité aux taux d’intérêt est plus élevée. Les faibles perspectives de rendement s’expliquent par la cherté de la classe d’actifs. De la situation actuelle où les taux d’intérêt sont très bas, deux scénarios sont envisageables.
Dans le premier scénario, les taux continuent de rester bas durablement, une situation particulièrement anormale. Dans ce cas, la probabilité d’un krach obligataire est faible, même si les perspectives de rendement seront toujours faibles.
Dans le second scénario, les niveaux de valorisation reviennent vers leur moyenne historique, ce qui se traduira par des performances négatives pour la classe d’actifs, avant de retrouver des niveaux de rendements obligataires proches de leur norme historique.
La sensibilité aux taux d’intérêt (duration) est un autre aspect important de tout investissement obligataire. En l’absence de pressions inflationnistes, les gouvernements ont été en mesure d’émettre de la dette à des taux toujours très faibles. Ce phénomène est plus apparent dans certains marchés que dans d’autres, mais l’idée est que les taux longs sont durablement ancrés.
Un instrument de diversification du risque
Les gains qu’offrent les obligations en matière de diversification du risque apparaissent le plus clairement sur le marché secondaire. Indirectement, toute discussion sur la diversification soulève la question de la corrélation entre classes d’actifs.
Le graphique qui précède retrace l’évolution sur longue période de la corrélation entre actions et obligations sur une période glissante de 5 ans.
Ce graphique montre des évolutions très importantes selon les périodes. Il montre surtout le danger qu’il peut y avoir de considérer comme acquis un régime de corrélation à un instant donné.
Considérer que les 15 dernières années de corrélation négative sont là pour durer revient à ignorer le niveau actuel des rendements (nominaux ou réels) et à enfermer l’investisseur dans un biais de comportement qui peut à terme s’avérer coûteux.
Regarder l’histoire peut donc s’avérer utile et riche d’enseignement, à l’instar de la période 1963-1980 où l’inflation était la norme et durant laquelle la corrélation entre actions et obligations était légèrement positive (0,21 en moyenne). A l’époque toutefois, les obligations avaient encore un rôle protecteur et offraient un rendement annuel de 3,1% dans les phases de correction boursière.
Les obligations dans le contexte de la gestion de portefeuille
Dans le contexte de marché actuel, il est important de se demander si les obligations devraient jouer un rôle lorsque leur perspective de rendement réel est si faible.
La réalité est qu’en cas de correction boursière, les investisseurs ont besoin d’une source de diversification, et les obligations peuvent clairement jouer un rôle de ce point de vue.
En termes d’exposition à la classe d’actifs, il est toujours important de raisonner de manière holistique et de ne pas juste se baser sur les corrélations passées.
L’exercice peut sembler compliqué car il y a beaucoup de facteurs et de classes d’actifs à prendre en considération. En ce qui concerne la construction d’une allocation d’actifs, il peut être utile de considérer les différents rôles que peuvent jouer les obligations. Les obligations gouvernementales peuvent ainsi être considérées soit comme une source de rendement ou un moyen de se prémunir contre le risque de correction des marchés actions.
Cependant, nous voulons aussi savoir si l’on peut s’appuyer sur le rôle défensif d’une classe d’actifs (les obligations souveraines ayant une duration longue) et comment elle s’intègre avec d’autres classes d’actifs à un moment où les valorisations sont tendues (cas des actions).