Rien ne va plus sur les marchés obligataires. Après 35 années de recul des taux longs, les investisseurs vont devoir apprendre à vivre avec des rendements qui remontent, en raison d’une reprise durable de l’inflation, ce qui in fine pénalisera la classe d’actifs obligataire.
Mais est-on sur une tendance de long terme ou n’est-ce qu’un mouvement passager qui sera remisé au placard en cas de récession ? Si l’on doit entrer dans un marché baissier, à quoi les investisseurs doivent-ils s’attendre ?
Profil des marchés obligataires baissiers
Si l’on se réfère à l’expérience du marché américain, qui donne clairement le ton pour l’ensemble des marchés mondiaux, depuis les années 1920, on recense une vingtaine de phases de baisse, dont la médiane a été de 14% sur une période 13 mois.
Les trois phases de baisse les plus dramatiques pour les gérants obligataires ont eu lieu entre 1915 et 1920 (-52% en termes réels), entre 1971 et 1981 (47% de baisse) et entre 1941 et 1959 (39% de baisse), avec des durées de respectivement 62, 126 et 221 mois.
Source : Goldman Sachs
Comment les autres classes d’actifs se sont-elles comportées ? Les actions ont eu tendance à surperformer les obligations (en dehors des phases de krach boursier bien entendu).
Comme l’explique Christian Muller-Glissmann, stratégiste multi-asset chez Goldman Sachs dans une étude publiée fin février, la performance des actions dépend avant tout de l’environnement économique. « Lorsque les taux réels accompagnaient une phase de forte croissance après la Grande Dépression dans les années 1940 et 50, les actions ont enregistré de solides gains en termes réels. »
Qu’attendre aujourd’hui ?
Les obligations américaines affichent des niveaux de valorisation élevés, même si la récente remontée des taux longs a sans doute redonner un peu « d’upside » à la classe d’actifs et a rendu les bons du Trésor un peu plus attrayants.
Un scénario de reprise de l’inflation serait sans doute plus favorable aux actions qu’aux obligations, à condition que la croissance économique continue d’être au rendez-vous.
Mais l’un des éléments clefs pour les marchés sera l’évolution des taux réels. Une remontée trop rapide de ces derniers pourrait, comme début février, créer un regain de volatilité qui affecterait l’ensemble des classes d’actifs – un scénario similaire à celui de mi-2013 ou de 1994.
L’autres facteur d’incertitude dont doivent tenir compte les investisseurs est la manière dont les banques centrales vont retirer leurs liquidités et les conséquences sur la prime de terme et sur la gestion de la duration.
Dans un tel contexte, et contrairement à ce que l’on a pu observer récemment, la corrélation entre obligations et actions pourrait remonter, ce qui compliquerait le travail de diversification du risque dans les portefeuilles.
L’alternative souvent mise en avant par les experts de Morningstar est de détenir des liquidités, mais cela n’est pas une position confortable.
Quoi qu’il arrive, que le marché obligataire soit durablement baissier ou pas, les investisseurs vont devoir apprendre à vivre avec des rendements plus faibles que par le passé et devront se montrer patients avant de retrouver de réelles opportunités d’investissement.