« Le développement des voitures électriques est une opportunité majeure pour les constructeurs automobiles, mais il va également amplifier la prise de conscience du marché quant aux enjeux sociaux et environnementaux liés à la transformation des modèles économiques », observait Sustainalytics dans une étude publiée en juin 2016.
« Les voitures électriques représentent l’opportunité la plus importante pour les constructeurs, et les constructeurs n’ont pas encore réussir à investir ce marché en croissance, comme Honda, Peugeot ou Fiat Chrysler, pourraient le payer au prix fort », ajoute l’étude.
Toutefois, le « boom » de l’électrique n’est pas sans risque. Beaucoup d’attention s’est portée jusqu’ici sur la technologie et ses progrès. Peu finalement sur les conséquences sociales et environnementales qui affecteront les constructeurs.
Sustainalytics met notamment en avant plusieurs éléments que les investisseurs devraient considérer :
- L’extraction du lithium qui emploie des produits chimiques toxiques, lesquels peuvent souiller l’environnement immédiat des lieux de fabrication.
- L’exploitation des mines de lithium requiert d’importantes quantités d’eau, alors que ce minerai est généralement présent dans des zones géographiques pauvres en eau.
- Les batteries au lithium contiennent du nickel et du cobalt, dont le raffinage expose à des risques sociaux et environnementaux élevés, en particulier car les principales mines de cobalt se trouvent dans certains pays (Congo).
- Par rapport à d’autres batteries, la technologie Lithium-Ion est la plus gourmande en énergie (1,6 kg d’équivalent pétrole par batterie produite).
- Plus de 50% des réserves mondiales de lithium se trouvent en Bolivie, au Chili et en Argentine.
Ces défis concernent au premier plan les fabricants de batteries tels que AESC, Panasonic ou LG Chem, ainsi que leurs clients les plus proches – en particulier Tesla.
Les autres constructeurs automobiles subissent une pression forte pour améliorer leur intégrité par rapport à l’environnement. Au premier chef se trouve Volkswagen, dont l’image a été durablement ternie par le scandale des émissions de CO2. D’autres constructeurs pourraient subir les mêmes pressions en cas de manquement grave au respect des réglementations sur les moteurs thermiques.
Il est donc intéressant d’étudier comment les constructeurs évaluent leur politique d’approvisionnement et leur chaîne de valeur des constructeurs face à de tels enjeux.
Ford et Volkswagen sont sans doute les plus en pointe à ce stade, estimait l’étude de Sustainalytics. Ford conduit des évaluations des risques ESG de ses fournisseurs existants et futurs ainsi que des audits réguliers de ceux-ci. Volkswagen, malgré ses déboires, dispose de l’un des meilleurs suivis de l’impact environnemental de ses approvisionnements et intègre des données sociales et environnementales dans l’évaluation de ses fournisseurs.
D’autres acteurs sont bien moins vertueux – c’est le cas de Tesla, BYD ou Mitsubishi. Tesla est sans doute le cas le plus intéressant. Le constructeur ne dispose d’ailleurs pas de la meilleure note ESG attribuée par Sustainalytics.
Selon les données du cabinet d’études, le score ESG de Tesla est actuellement de 54 (dans la moyenne du secteur), loin derrière les leaders du secteur – Peugeot (77), Renault (77), Mahindra & Mahindra (74), BMW (73) et Daimler (68).