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Evaluer les conséquences d’une intensification des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine s’avère un exercice particulièrement complexe, mais certains stratégistes s’y sont essayés, ce qui offre aux investisseurs une idée (vague) des implications pour les marchés financiers.
UBS a publié le 11 juillet dernier une étude assez fouillée sur la question, à partir de 3 scénarios : ce qui a déjà été annoncé, une escalade des tensions (augmentation des échanges commerciaux taxés), et enfin une guerre commerciale, définie comme la mise en place d’une taxe de 30% sur toutes les importations américaines en provenance de Chine, suivie d’une riposte chinoise qui affecterait notamment les échanges automobiles.
Pour la banque suisse, la croissance économique mondiale, autour de 4% actuellement, pourrait diminuer de 100 points de base, avec une détérioration plus importante de la croissance américaine (245 points de base) et chinoise (233 points de base).
Sur les marchés financiers, la classe d’actifs la plus pénalisée serait, sans surprise, les marchés actions. Dans le scénario du pire (guerre commerciale), la Bourse américaine pourrait perdre 21% (S&P 500 à 2200 points) et les actions européennes chuteraient de 24,6%, victimes d’une forte révision en baisse des estimations de croissance des profits (de 9,6% à 2%) et d’une compression des multiples de valorisation (de 13,7x à 11,7x).
L’impact plus important sur les actions européennes s’explique principalement par la plus grande ouverture du marché européen et l’importance de certains secteurs dans les échanges commerciaux (automobile, pharmacie, tabac, loisirs).
Il faut toutefois noter que le secteur automobile a déjà bien intégré les menaces de taxes, puisqu’il affiche déjà une perte de 5,3% depuis le début de l’année avec un multiple de résultat revenu à son niveau de juillet 2016.
En cas de guerre commerciale, UBS estime qu’il faut considérer les secteurs les plus corrélés à la production industrielle mondiale, tels que les biens d’équipement, le secteur des mines, la consommation durable (dont le luxe) ou les services financiers.
Les actions asiatiques (hors Japon) subiraient une perte d’un ordre de grandeur similaire aux actions européennes dans le scénario du pire.
Au sein des autres classes d’actifs, l’onde de choc serait de moindre ampleur. Ainsi, le rendement à 2 ans des bons du Trésor baisserait de 50 points de base et le 10 ans de 30 points de base, entraînant une légère pentification de la courbe des taux. En Europe, l’impact serait plus atténué (respectivement 5 et 15 points de base de baisse sur les 2 et 10 ans).
En effet, compte tenu du ralentissement substantiel de la croissance économique et de la chute des marchés actions, le marché serait amené à reconsidérer le mouvement de remontée des taux directeurs de la Fed ainsi que la normalisation de sa politique monétaire.
Sur le front des devises, l’euro-dollar s’apprécierait de 0,3%. « Au-delà d’un chiffrage spécifique, l’un des principaux enseignements de notre analyse est que le taux de change EUR/USD devrait demeurer relativement stable dans un scénario de vives tensions commerciales, et pourrait même s’apprécier en cas de conflit majeur », estime UBS.