Cet article a été initialement publié sur Morningstar.com. Il a été édité.
Fonds gratuits
Fidelity Investments a dévoilé une nouvelle initiative, qui permet d’investissement plus facilement et de manière moins coûteuse dans des fonds passifs disponibles sur sa plate-forme.
Deux fonds, Fidelity Zero Market Index et Fidelity Zero International Index, sont commercialisés gratuitement. Ces fonds ne comportent pas de charges connexes et n’imposent pas d’investissement minimum.
L’arrivée de fonds gratuits n’est pas totalement une surprise. Le coût des fonds passifs et ETF les moins chers avait déjà chuté à des niveaux proches de la quasi-gratuité.
Franchir le Rubicon
Mais il s’agit de la première société de gestion à franchir le Rubicon. L’idée, bien évidemment, est d’attirer des clients vers sa plate-forme de courtage. Ces fonds sont comme deux appâts.
Mais avec un nombre toujours important de fonds qui facturent parfois des frais importants pour ne produire qu’une performance à peine supérieure à celle de l’indice, ce type d’initiative ne fait que mettre un peu plus en évidence l’écart entre des fonds prétendument « actifs » et le niveau des frais élevés qu’ils pratiquent. Le mouvement de Fidelity ne devrait in fine contribuer qu’à renforcer la consolidation de l’industrie et la pression sur les frais de gestion.
Cette initiative concerne également l’industrie de la gestion dite passive, laquelle est de plus en plus segmentée. Les géants de l’industrie – Vanguard, BlackRock, Schwab, State Street, et maintenant Fidelity –disposent d’économies d’échelle suffisamment massives pour pouvoir dégager du revenu et n’ont donc aucun problème face au lancement de fonds gratuits. Cela met en revanche la pression sur le reste de l’industrie.
Positif pour l’investisseur
Au-delà des implications pour l’industrie, il est difficile de ne pas voir dans cette annonce une bonne nouvelle pour les investisseurs finaux. Si les coûts sont un frein à la réussite en matière d’investissement, la tendance vers leur diminution ne peut qu’aider les investisseurs à atteindre leurs objectifs financiers.
Cela dit, les investisseurs devraient être conscients des changements profonds à l’œuvre dans l’industrie. La génération d’alpha est de plus en plus concurrencée par des produits de pur bêta. La notion d’investissement est de plus en plus supplantée par celle de conseil. Les produits sont marginalisés au profit de « solutions » d’investissement. Et les coûts se déplacent d’un point de la chaîne de valeur (le fonds) à un autre (l’intermédiaire/le conseiller).
« Gratuit » vs gratuit
Auparavant, les investisseurs abhoraient ces frais, qu’il s’agisse de commissions de courtage, de droits d’entrée ou de frais destinés à rémunérer indirectement leurs conseillers financiers et cherchaient logiquement à éviter de tels frais tout en cherchant les meilleurs supports d’investissement.
Aux Etats-Unis, cela a donné naissance à des plates-formes dont les frais incluaient une dimension conseil. Mais les frais de fonctionnement de ces plates-formes et du conseil étaient le plus souvent inclus dans les frais de gestion, payés donc par l’investisseur.
L’émergence de produits indiciels, de transparence accrue sur les frais de gestion et de services payés sous forme de points de base ou d’honoraires ne sont apparus qu’en réaction à cette impression de « gratuité ».
L’émergence de produits gratuits à l’instar des fonds Fidelity n’est qu’une étape dans l’évolution des services vendus aux investisseurs. Ces derniers attendent une plus grande transparence et connaître le prix de chaque composante de l’offre de produits ou services qui leur sont proposés.
Net-net : une bonne nouvelle
La bonne nouvelle est qu’il s’agit d’une répétition du passé. Pourquoi ? En un mot, à cause de la technologie. L’automatisation a contribué au développement d’une offre d’investssement quantitatif et passif à bas coût. Elle a également permis l’offre de conseils, de données et d’informations qui permettent de mieux comparer la qualité de services et le prix de ces derniers.
L’offre de Fidelity ne présente pas un saut de géant dans l’univers de l’invfestissement à bas coût, mais elle s’inscrit dans l’évolution de l’industrie où l’investisseur est et demeure au premier plan.