Au moment où Facebook, ses utilisateurs et le régulateur étaient aux prises avec les questions de protection des données personnelles et du contrôle de certains contenus, de nombreux investisseurs ont été pris au piège de la sanction boursière subie par le titre ces dernières semaines.
Facebook est en effet le septième titre le plus détenu par des fonds, selon les données Morningstar. Le titre est également dans la plupart des grands indices américains et globaux. Les 20 plus gros fonds d’actions américaines de croissance ont une exposition à la valeur, de même que 15 des 20 plus gros fonds « mixtes » (qui détiennent des titres « value » et croissance).
Toutefois, moins de la moitié des fonds durables de croissance ou mixtes détenaient une position dans Facebook avant son accident boursier.
Sustainalytics, dont Morningstar est un actionnaire de référence, a publié une étude début juin évaluant comment 7 sociétés technologiques – les « FAANG+ » (Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Alphabet, Microsoft et Twitter) - protègent les données personnelles. L’étude soulignait que Facebook présentait le plus de risques, indiquant que le modèle centré sur les revenus publicitaires était vulnérable en cas de brèches dans sa gestion des données privées de ses utilisateurs.
En outre, le programme de gestion des données de Facebook était jugé moins solide que ceux de Google, Apple ou Microsoft. Enfin, au moment où de plus en plus de preuves démontrait l’utilisation frauduleuse de la plate-forme de Facebook par des intérêts russes pour influencer la présidentielle américaine de 2016, le réseau social était confronté à la pression des différentes parties prenantes pour améliorer le suivi des contenus, de faire preuve de plus de transparence et d’améliorer le type de contenus promus et permis.
Certains investisseurs, y compris des gérants ESG comme Trillium Asset Management, ont même demandé à Mark Zuckerberg, patron et principal actionnaire de Facebook, de quitter son poste de président du conseil d’administration pour se concentrer sur celui de directeur général.
Ces investisseurs ont également demandé que Facebook abandonne sa structure duale d’actionnariat, qui donne un poids prépondérant à Zuckerberg en termes de droits de vote.
Les fonds à vocation durable affichent une bien moindre exposition à Facebook que l’ensemble des fonds, comme le montrent les tableaux suivants.
Ceci illustre l’un des avantages de l’investissement socialement responsable. A travers des facteurs de risque liés à l’environnement, au social ou à la gouvernance, les investisseurs peuvent prendre de meilleures décisions ou des décisions mieux informées.
Il est intéressant de noter que deux gérants « durables », Calvert Research et Management and Domini Impact Investments, ont vendu leur position en Facebook au printemps dernier.
Au moment où de plus en plus d’investisseurs demandent une amélioration de la gouvernance d’entreprise et une meilleure gestion des sujets à controverses, les entreprises doivent mieux intégrer l’impact matériel sur leur valeur des enjeux ESG.
Appendice
Voici le positionnement relatif de Facebook par rapport à quelques autres grandes valeurs technologiques américaines, selon les évaluations de Sustainalytics. Facebook affiche la moins bonne note en matière de gouvernance d'entreprise (données au 7 août 2018).