Etre un fonds peu risqué en matière d’émissions carbone ne protège pas des tendances de court terme de l’industrie de la gestion d’actifs en matière de collecte.
Nous avons regardé via Morningstar Direct si les fonds actions européennes de grande capitalisation qui font partie du premier décile le mieux noté en matière de risque carbone bénéficiaient de leur profil plus favorable à l’environnement. La conclusion est : non.
Nous nous sommes appuyés sur la note Risque Carbone calculée par Morningstar à partir des inventaires de portefeuille et des notes sur les sociétés fournies par notre partenaire Sustainalytics. Sur les 855 fonds agréés à la vente en France au sein de la catégorie, 593 disposent d’un score.
Le premier décile comprend 59 fonds, avec un score moyen en matière de risque carbone de 6,43. Ces fonds ont subi une décollecte de 1,3 milliard d’euros depuis le début de l’année (graphique).
Source : Morningstar Direct
Les raisons de la décollecte sont relativement connues. Même si l’environnement économique est porteur, les actions européennes ont du mal à faire recette auprès des investisseurs.
L’autre « désagréable » surprise est que les fonds du premier décile affichent, en moyenne, des frais supérieurs à l’ensemble des fonds actions européennes de grande capitalisation : 1,50% contre 1,40% (frais courants extraits du DICI).
Certes, 10 points de base, ce n’est pas beaucoup. Mais ces frais sont payés annuellement et ils doivent se justifier non seulement par des performances supérieures à l’indice de référence, mais refléter l’emploi de ressources et un process qui sont, in fine, favorables aux investisseurs finaux.
Or parmi le premier décile, on trouve peu de fonds notés positivement par la riche. Pire, ces derniers sont, en moyenne, plus chers que ceux du premier décile (1,58% de frais courants).
Cela montre que l’argument du risque carbone ne peut seul justifier des frais plus élevés. La taille moyenne des fonds du premier décile (432 millions d’euros) est légèrement supérieure de celle de l’ensemble de l’univers étudié (426 millions d’euros).
A l’aune de ce seul élément, les sociétés de gestion devraient réfléchir davantage à la façon dont elles facturent les fonds qu’elles proposent aux investisseurs, qu’ils soient plus « verts » que leurs concurrents ou non.