Prévoir le rebond des taux d'intérêt est impossible
Savoir quand les taux longs vont monter durablement relève de la gageure pour tout investisseur. Depuis la crise financière de 2008, les phases de remontée des taux longs ont été nombreuses, mais rarement durables.
Depuis plusieurs années, le marché anticipe une hausse des taux et il semblerait que la période actuelle y soit plus propice, au regard des indices d’une remontée de l’inflation, de la sortie de certains programmes d’achats d’actifs ou de l’environnement économique plus généralement.
Une raison plus triviale est que les taux devraient, comme d’autres actifs, revenir vers leur juste valeur de long terme à un moment donné.
Source : Morningstar
Le danger de chercher à savoir quand ce rebond durable aura lieu est qu’il conduise les investisseurs à entrer et sortir des marchés obligataires, avec un impact négatif pour leur portefeuille.
Nous pensons qu’il est préférable de conserver une exposition aux obligations dans un portefeuille, mais qu’il est aussi prudent de s’assurer contre l’impact d’une éventuelle hausse des taux.
L’utilité des obligations dans un portefeuille
Il y a deux bonnes raisons de détenir des obligations. La première est que les obligations ont historiquement moins baissé que les actions dans les phases de stress sur les marchés financiers. Détenir des obligations même chères est moins pénalisant que détenir des actions chèrement valorisées.
Source : Morningstar
Comme le montre le tableau suivant, comme les obligations résistent relativement mieux aux phases de baisse des marchés, elles offrent un certain coussin de sécurité dans un portefeuille multi-classes d’actifs. Si l’on considère que les marchés sont globalement chers, ce qui est notre analyse, détenir des obligations fait donc sens, en particulier si l’on regarde du côté des obligations de qualité.
Source : Morningstar
Enocre faut-il se focaliser sur les bonnes obligations. Certaines catégories d’obligations se comportent globalement mieux que d’autres dans des environnements de remontée des taux longs.
Nous avons analysé les dix-neuf phases de remontée des taux depuis 1998 pour comparer la performance des différentes catégories obligataires. Notre analyse montre que les obligations courtes, qui ont moins de duration, ont tendance à surperformer le marché.
Surpondérer ces obligations peut contribuer à réduire les pertes dans l’éventualité d’une forte hausse des taux, tout en aidant à préserver le capital, propriété qu’offrent les obligations de qualité lorsque les marchés sont volatils.
Source : Morningstar
D’autres catégories obligataires peuvent être introduites dans une allocation pour réduire la sensibilité aux taux d’intérêt. Nous estimons que la dette émergente en devise locale, qui est généralement moins sensible que les marchés de taux des pays développés et n’est pas directement liée à la politique monétaire, a été une source de rendement non négligeable au fil du temps.
Si cette classe d’actifs introduit d’autres risques potentiels dans un portefeuille, qu’il faut avoir bien analysé au préalable, elle peut aussi protéger un portefeuille lorsque les taux remontent.
Source : Morningstar
Des taux plus élevés : une bonne nouvelle
Il est important de se rappeler que des taux plus élevés signifient que les emprunteurs paient davantage les porteurs d’obligations. En effet, l’effet de roulement des obligations dans un portefeuille signifient que les investisseurs sont payés davantage au fil du temps. C’est ce qu’illustre le graphique qui suit.
Source : Morningstar
Au final, les investisseurs doivent être attentifs aux biais comportementaux qui les incitent à intervenir trop fréquemment dans la gestion de leur allocation. Les taux d’intérêt pourraient entrer dans une phase durablement haussière et les investisseurs ont la possibilité de trouver dans les obligations de duration courte et la dette émergente un moyen de protéger leur capital et de générer du rendement.