Dans l’univers des actions européennes, les grandes sociétés de gestion françaises se distinguent par leur imagination, un peu moins par leur capacité à capter l’épargne des investisseurs.
Ceci se traduit par une offre de fonds abondante, mais dont la taille est peu optimale et se traduit par des frais de gestion souvent élevés. Un positionnement difficile à justifier et qui montre que des économies d’échelle sont sans doute possibles et souhaitables, puisque cela pourrait in fine bénéficier aux investisseurs.
Nous avons regardé l’univers des fonds actions européennes domiciliés en Europe, soit 2.260 fonds pour des actifs sous gestion d’environ 616 milliards d’euros, que se répartissent 580 sociétés de gestion.
Les 50 premières sociétés de gestion concentrent 70% des encours au sein de la classe d’actifs (laquelle comprend les stratégies orientées grandes, moyennes, petites valeurs et les stratégies « flexibles », sans biais de taille de capitalisation).
L’analyse du nombre de fonds par société de gestion (regroupées sous une même marque) montre une offre souvent pléthorique. Et les sociétés de gestion françaises sont particulièrement créatives dans ce domaine.
Le champion est Amundi avec 101 fonds actions européennes. Par exemple, le gestionnaire propose 36 fonds dans la catégorie Actions européennes de Grandes Capitalisations mixte, avec des frais qui s’échelonnent entre 36 points de base et 2,53% (parts « retail ») et des actifs sous gestion par fonds compris entre 4 millions d’euros et 991 millions.
En dépit de l’offre la plus large au sein de la classe d’actifs, la part de marché d’Amundi au sein des actions européennes est équivalente à celle de BlackRock, qui ne propose pourtant que 24 fonds.
Ceci signifie qu’en moyenne, les fonds BlackRock ont 1,4 milliard d’euros d’actifs sous gestion contre seulement 329 millions d’euros pour Amundi. Ce désavantage compétitif se retrouve d’ailleurs dans les frais courants de gestion, qui sont en moyenne de 1,40% chez Amundi contre 0,99% pour BlackRock.
De fait, tous les grands acteurs de la gestion collective français se démarquent de leurs concurrents par une offre abondante de fonds : 62 pour BNP Paribas, 53 pour Natixis, 36 au Crédit Mutuel, 28 chez AXA ou 26 à La Banque Postale. Certaines boutiques participent au mouvement, comme Financière de l’Echiquier (22 fonds) ou Lazard (22 fonds).
Parmi les autres acteurs d’Europe, les suisses UBS et Credit Suisse se distinguent avec respectivement 29 et 26 fonds.
Rares sont les sociétés de gestion à envisager une rationalisation de l’offre. Natixis, à travers sa filiale Ostrum Asset Management, a récemment annoncé une révision de son offre de fonds et de mettre en avant des expertises de conviction en mesure de créer de l’alpha pour les investisseurs, tout en cherchant à se redéployer sur d’autres marchés comme l’Asie.
JPMorgan a annoncé une démarche similaire, considérant qu’il y a trop de fonds offrant des performances médiocres – un argument bien établi à voir le nombre de fonds qui se retrouvent souvent dans le dernier quartile de leur catégorie.
Encore faut-il que se travail de rationalisation soit conduit dans l’intérêt des investisseurs. La réduction des frais de gestion est une condition pour assurer aux investisseurs de meilleures performances sur le long terme et elle permettrait sans doute aux sociétés de gestion d’adopter un positionnement plus clair et plus lisible.
Actions européennes: top 50
Source: Morningstar Direct
Actions européennes: les 30 plus acteurs
Source: Morningstar Direct
Périmètre de l'étude: 2.260 fonds ouverts, domiciliés en Europe au sein des catégories globales: actions européennes de grande capitalisation; actions européennes de petite et moyenne capitalisation.