La relation négative entre actions et obligations a permis aux investisseurs de relativement bien supporter les mouvements parfois brusques des marchés financiers au cours des 20 dernières années.
Mais cela n’a pas toujours été le cas. Comme le montre le graphique ci-après, publié par les stratégistes de Morgan Stanley, avant l’an 2000, la corrélation entre actions et obligations était le plus souvent positive. Depuis l’an 2000, elle a été le plus souvent négative.
Cette situation semble en train d’évoluer, mais très progressivement.
« Au cours des deux mouvements de baisse de plus de 10% cette année, les rendements ont progressé de respectivement 16 points de base et 2 points de base, soit le rôle moins défensif des bons du Trésor dans des phases de baisse similaires observées depuis les années 1990 », observent les stratégistes de Morgan Stanley dans une note datée du 18 novembre.
La relation entre actions et obligations devrait rester négative au moins à court terme, mais elle ne sera pas aussi claire que par le passé. « Lorsque les actions montent, les rendements obligataires monteront comme d’habitude, mais lorsque les actions baissent, les rendements devraient baisser moins que d’habitude », notent les stratégistes de la banque américaine.
Une baisse des rendements signifie que les investisseurs arbitrent en faveur des obligations et acceptent des rendements plus faibles pour détenir des actifs plus sûrs, d’où l’absence de corrélation entre les deux classes d’actifs et le rôle diversifiant des obligations.
Evolution de la corrélation actions-obligations depuis 1980
Source : Morgan Stanley, Morningstar
Pour des investisseurs aguerris, le changement de régime de corrélation entre deux classes d’actifs ne devrait pas être une surprise. Il peut s’expliquer à la fois par l’évolution de la structure des économies développées (poids croissant des services et des activités immatérielles, recul des gains de productivité et vieillissement démographique), des modes de financement (désintermédiation accrue) et du rôle de plus en plus prépondérant des banques centrales, dont l’action depuis 10 ans a largement distordu le fonctionnement des marchés.
De fait, en l’absence d’inflation et de surchauffe de l’économie, il est difficile d’envisager, au moins à court terme, un changement durable de la relation entre les deux classes d’actifs. Mais l’histoire montre qu’en matière de corrélation, ce qui a pu perdurer dans le passé peut très bien ne plus être la règle pour les années à venir.