La Bourse attire moins de candidats

Les entrepreneurs retardent le moment de leur introduction en Bourse. Pour les épargnants, c’est un problème.

Jocelyn Jovène 03.12.2018
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Les entrepreneurs se pressent moins aux portes de la Bourse. La raison est de plusieurs ordres, mais l’une des explications avancées par une étude réalisée par le CFA Institute est que ces derniers ont plus facilement accès à des sources de financement privées et retardent ainsi leur introduction en Bourse.

L’intervalle médian avant une introduction en Bourse est passé de 3,1 ans en 1996 à 7,7 ans en 2016. Comme elles sont détenues plus longtemps par des intérêts privés (fonds de capital risque ou de private equity), ces entreprises sont en mesure de lever davantage d’argent en Bourse : 97,9 millions de dollars (médiane) contre 12,2 millions de dollars 20 ans auparavant.

Les raisons du moindre attrait de la Bourse et du relativement plus grand attrait des sources de financement privées sont de plusieurs ordres.

L’économie change et les entreprises aussi. De nombreux secteurs d’activité créent de plus en plus de valeur à partir d’actifs intangibles. Leurs besoins en capitaux sont donc moindres. En outre, ces entreprises cherchent à gagner en taille critique très rapidement. Les entrepreneurs semblent désireux d’avoir affaire à un nombre restreint d’investisseurs, voire à limiter l’accès à l’information qu’ils doivent divulguer.

De plus, les changements réglementaires ont facilité le développement des sources de financement privées.

Enfin, la chute des rendements obligataires, conséquence du « quantitative easing », a poussé un nombre croissant d’investisseurs institutionnels vers les classes d’actifs alternatives. Ces dernières assurent un rendement supérieur du fait de la prime d’illiquidité qu’elles sont sensées apporter. Elles seraient en outre moins pénalisées sur le plan du coût en capital pour les institutionnels.

Ces évolutions semblent structurelles. Dans les pays développés, le nombre d’entreprises cotées en Bourse n’a cessé de reculer au cours des 30 dernières années. Dans le même temps, les fonds de private equity gèrent aujourd’hui 3 billions (3.000 milliards) de dollars dans le monde, sans parler des fonds de dette privée, des fonds d’infrastructures, des hedge funds ou des fonds immobiliers.

Cette situation est problématique pour un nombre croissant d’épargnants. Car si le « pool » de tires financiers traités sur des marchés de cotation organisés et régulé se rétrécit, leur capacité à atteindre leurs objectifs financiers en sera affectée.

Le CFA Institute suggère quelques recommandations : rendre plus transparents les marchés privés, mieux évaluer leur impact sur la valorisation des marchés en général ; éviter d’abaisser les standards de cotation sur les marchés boursiers ; faciliter l’accès aux instruments traités sur des marchés privés à travers leurs intermédiaires financiers.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.