Renault tourne la page Ghosn à un moment critique de son histoire. Depuis l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon en novembre dernier, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi semble au plus mal.
Les relations actionnariales entre Renault et Nissan devront être revues, au moment où la croissance économique mondiale ralentit et où les incertitudes politiques (Brexit, guerre commerciale Etats-Unis-Chine) se multiplient.
Tâche a été confiée à Jean-Dominique Senard, ancien patron de Michelin désormais président du conseil d'administration de Renault, d'aller trouver les termes d'un accord avec les japonais.
Pourtant d’un strict point de vue boursier, le titre est sous-évalué. Sur la base de l’estimation de juste valeur de Morningstar (88 euros par action), Renault affiche une décote de 35%.
En termes de multiples de valorisation, si l’on prend les données du consensus de marché, le titre se traite sur un multiple de résultat par action estimé pour 2018 et 2019 de respectivement 3,8x et 3,9x. Sur la base de l’actif net par action, il vaut 0,5x : le marché intègre une destruction de valeur de l’entreprise qui affiche pourtant une marge d’exploitation historiquement élevée.
Statu quo pour combien de temps ?
Jean-Dominique Senard va devoir s’atteler à la tâche la plus difficile : trouver les conditions d’une nouvelle gouvernance de l’alliance avec Nissan, qui détient 15% du capital de Renault tout comme l’Etat français. Les relations entre Carlos Ghosn avec ce dernier étaient difficiles, l’ancien PDG souhaitant réduire la présence de l’Etat au capital.
Depuis plusieurs années, la perspective d’une fusion entre les deux constructeurs était régulièrement évoquée, mais rien ne semble avancer sur ce plan.
« Si le départ de Ghosn et de son équipe de direction entraîne des changements substantiels au sein de l’actionnariat de l’alliance, notre estimation de juste valeur pour Renault et Nissan devrait être ajustée. Toutefois, nous pensons qu’il y a une probabilité inférieure à 25% que l’alliance soit dissoute », observe Richard Hilgert chez Morningstar.
Nouveau leadership pour l'alliance
L’alliance est une source très importante de synergies de coûts pour les trois constructeurs, qui peuvent bénéficier des efforts communs en matière de R&D, d’investissements industriels et d’achats de composants.
Cela dit, Nissan est le partenaire en meilleure forme sur un plan financier, et pourrait donc tirer avantage du scandale pour augmenter sa participation au capital de Renault.
Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, a indiqué que la concentration du pouvoir au sein d’une personne pendant une période de temps prolongée était à l’origine des déboires de Carlos Ghosn. « Nous interprétons cette déclaration comme le prélude à une transition du leadership au sein de l’alliance », estime Richard Hilgert.
Estimation de juste valeur et évolution du cours de Bourse
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