2018 a été une année délicate à traverser pour les fonds d’allocation domciliés en Europe. Les bénéfices de la diversification ont été mitigés par le manque de dispersion des performances entre classes d’actifs.
Les performances des fonds d’allocation notés par la recherche Morningstar se situent dans une fourchette large.
L’exposition aux devises a joué un rôle important l’an dernier, en particulier l’appréciation du dollar US. Les parts couvertes en euros ont souffert d’une augmentation des coûts de couverture.
Au cours de l’année écoulée, les marchés financiers ont enregistré des performances décevantes en devises locales, à l’exception du crédit « investment grade ». L’indice Bloomberg Barclays Euro Aggregate Bond a enregistré un gain de 0,4% sur l’année.
Les marchés obligataires ont cependant perdu 1,2% (hors couverture de l’effet dollar) mais ont gagné 3,8% en euros, en grande partie grâce aux obligations libellées en dollars au sein de l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond.
L’écartement des spreads de crédit a pour sa part pénalisé les catégories obligations d’entreprises et haut rendement.
Les marchés actions ont été plus fortement pénalisés, en particulier au cours du quatrième trimestre. Les actions européennes ont été les plus pénalisées, chutant de 10,6% en euros, les actions émergentes perdant 10,3%, les actions mondiales 4,1%.
Là encore, l’appréciation du dollar a permis à certains indices de mieux protéger le capital des investisseurs que d’autres.
Source : Morningstar Direct
Dans ce contexte, le bilan des gestions flexibles est mitigé. La performance moyenne des fonds d’allocation agressive, exposée en moyenne à hauteur de 76% aux actions tout au long de 2018, a cédé 11,1% - soit pire que la seule performance des seules actions européennes.
Les effets de la diversification n’ont pas été bénéfiques aux gérants de fonds l’an dernier, et n’ont pas permis de bénéficier d’une grande flexibilité. Ceci s’est traduit par des écarts de performance parfois significatifs.
Par exemple, parmi les fonds notés par Morningstar, le fonds Cartesio X et son équivalent luxembourgeois Pareturn Cartesio ont perdu respectivement 3,2% et 3,8% (ces deux fonds sont la catégorie allocation prudente).
Le gérant été très exposé au cash (67%) et très peu en actions (12% fin 2018), ou en obligations (21%).
A l’opposé, Carmignac Patrimoine a perdu 11,3% l’an dernier. Après s’être démarqué largement de ses pairs en 2008 et 2011, le fonds n’a pas su mettre en œuvre ses vues prudentes sur les marchés de début d’année.
L’approche « performance absolue » retenue par les gérants ne l’a pas empêché de perdre beaucoup d’argent, alimentant d’importantes sorties de capitaux tout au long de l’année.
La gestion de l’exposition aux actions a joué un rôle prépondérant dans la performance bonne ou mauvaise des fonds d’allocation. De manière générale, plus les gérants étaient optimistes en début d’année sur les actions, plus leur fonds a souffert.
Source : Morningstar Direct
Le deuxième facteur de performance qui a joué en 2018 concerne sur la gestion de l’exposition au risque de change. Les biais domestiques ont joué à plein l’an dernier. Par exemple, en moyenne, les fonds exposaient environ les deux tiers de leur poche actions et obligations aux marchés européens.
Le cas le plus extrême est celui de la catégorie allocation prudente, où les obligations représentent la plus grosse partie de l’allocation. Au sein de ces fonds, l’exposition à l’Europe a été en moyenne de 43% contre 21% pour l’indice MSCI World et 25% pour le Bloomberg Barclays Global Aggregate.
Comme indiqué, les devises ont été un élément important dans l’évaluation des gérants flexibles. L’appréciation du dollar a rendu la couverture du risque de change très coûteuse.
L’exposition au risque de crédit a également joué son rôle. Si les obligations gouvernementales ont enregistré des performances légèrement positives l’an dernier, le crédit et les obligations US ont vu leur valeur chuter en dollars.
Au sein des actions, les fonds avec un biais « value » ont continué de sous-performer ceux qui avaient un prisme croissance. La santé, les utilities et la technologie ont surperformé l’an dernier tandis que les financières, les matériaux et l’énergie ont sous-performé. Les stratégies centrées sur le dividende ont surperformé.