Alors que les banques centrales ont adopté une attitude plus prudente sur la normalisation de leur politique monétaire, les investisseurs s’inquiètent du risque de récession, annoncé par l’inversion de la courbe des taux d’intérêt (le fait que le rendement des émissions de court terme, comme le 2 ans, soit devenu supérieur à celui des émissions de long terme, comme le 10 ou le 30 ans).
Face à des rendements obligataires si faibles et à des marchés financiers parfois très volatiles, de nombreux investisseurs ont été tentés ces dernières années d’aller chercher du rendement sur des classes d’actifs moins liquides (infrastrutures, immobilier, marchés émergents).
Pourtant, les obligations traditionnelles ont toujours un rôle à jouer dans un portefeuille.
En voici les principales raisons.
Une source de revenu
Les obligations ont sur les actions l’avantage de verser un coupon régulier et connu à l’avance. En l’absence de défaut de l’émetteur, l’investisseur obligataire est théoriquement certain de toucher ses coupons et de voir son principal remboursé à échéance.
Cette « certitude » est liée à la qualité de l’émetteur, sa solidité financière et à la présence ou pas de conditions qui peuvent déclencher un remboursement anticipé.
L’investisseur obligataire doit considérer trois critère de base : le rendement facial, la duration (sensibilité du prix de l’obligation à l’évolution des taux d’intérêt) et la qualité de crédit. D’un point de vue plus macro-économique, le régime d’inflation joue aussi un rôle, l’inflation ayant tendance à éroder le pouvoir d’achat de l’investisseur obligataire.
A l’heure actuelle, dans un environnement de faible inflation et de ralentissement de la croissance, les investisseurs doivent plus faire attention à la qualité des émetteurs et s’assurer qu’ils sont correctement rémunéré pour le risque pris (cette rémunération s’exprime par un « spread » par rapport à des obligations considérées comme sans risque, telles les obligations gouvernementales de pays de premier plan comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou la France).
Une source de diversification
Les obligations, de par leurs caractéristiques propres, sont une source de diversification du risque, car elles sont faiblement corrélées aux autres classes d’actifs, notamment aux actions.
Cette capacité de diversification varie selon la nature des obligations. Il faut en effet faire la distinction entre les obligations gouvernementales et les obligations privées, encore appelée « crédit ».
Concernant cette dernière catégorie, les caractéristiques de risque des émetteurs sont souvent proches de celles des actions.
Les obligations gouvernementales tendent à être plus protectrices en particulier pendant les phases de panique : elles jouent un rôle de valeur refuge car n’ayant pas de risque de défaut ; elles offrent une grande liquidité aux investisseurs ; leur rendement est lié à l’état de l’économie ; elles impliquent souvent une grande durée de détention, ce qui les rend plus sensibles aux mouvements des taux. Quand les taux d’intérêt baissent, les obligations à duration élevées sont celles qui surperforment le plus.
Un avertisseur de récession
Depuis quelques temps, les marchés financiers s’inquiètent du risque d’inversion de la courbe des taux, annonciatrice d’une récession à venir. Historiquement, le lien entre les deux événements est assez significatif.
De manière générale, lorsque les marchés obligataires et d’actions envoient des signaux contradictoires, il est important d’y prêter attention et de se préparer au mieux. Ainsi, lorsque les taux longs chutent mais que les marchés actions, cela signifie que les investisseurs obligataires s’inquiètent du risque de ralentissement économique quand les investisseurs en actions l’ignorent.
Historiquement, les marchés de taux et du crédit ont eu tendance à avoir souvent raison dans de tels environnements, mais cela n’a pas toujours été le cas.