Les tensions entre la Chine et les Etats-Unis ont pris un nouveau tour récemment avec les déclarations des autorités chinoises menaçant par voie médiatique de restrictions dans la vente de terres rares aux Etats-Unis.
Les « terres rares » sont des éléments minéraux relativement abondants sur terre qui présentent des propriétés électromagnétiques essentielles pour des produits aussi divers que les téléphones portables, les ordinateurs, l’éclairage (LED), les écrants de télévisions, ainsi que les générateurs de turbines éoliennes, les pots catalytiques, le verre ou les batteries pour voitures électriques.
Parmi ces terres rares, on trouve des produits tels que le scandium, l’yttrium, les lanthanides (dont le cérium).
Les réserves mondiales de terres rares sont estimées à environ 120 millions de tonnes selon le département américain des mines (USGS), ce qui représenterait 700 années de consommation annuelle.
La Chine représente 35% des réserves mondiales mais 70% de la production, ce qui en fait l’acteur dominant du marché.
Source : UBS
Ce n’est pas la première fois que la Chine utilise les terres rares pour engager des représailles à l’égard de ses partenaires commerciaux. En 2010, l’empire du Milieu avait prétexté de besoins domestiques et de questions environnementales pour limiter la production et l’exportation de terres rares, provoquant un bond de 500% des prix de ces dernières (autour de 160 dollars le kilogramme contre autour de 40 dollars actuellement).
L’affaire avait été devant l’organisation mondiale du commerce (OMC), qui avait rendu une décision défavorable aux autorités de Pékin, obligeant la Chine à retirer ses mesures restrictives en 2015.
Comment évaluer l’impact de cette nouvelle sur les marchés de matières premières en particulier ? Compte tenu du rôle que jouent les terres rares pour un large éventail de produits de technologie, l’impact pourrait a priori être significatif, mais encore difficile à chiffrer.
Il faudra vraisemblabement attendre que les entreprises concernées communiquent sur les contraintes en matière de chaîne d’approvisionnement et d’inflation sur leurs coûts de matières premières pour évaluer plus directement l’impact à court ou moyen terme.
La différence avec l’épisode de 2010 est qu’à l’époque, la décision chinoise était d’envergure mondiale, alors qu’aujourd’hui, la décision n’affecterait que les Etats-Unis. En outre, la part de marché de la Chine au niveau mondial reste dominante, mais en net repli par rapport à il y a 10 ans.
Là où cette décision peut inquiéter c’est en relation avec les tensions commerciales déjà existantes. Cette décision, si elle est prise, montre que les relations bilatérales sino-américaines s’enveniment, au lieu de s’apaiser.
Un déséquilibre durable provoqué par la Chine n’aurait d’effet positif que pour les producteurs de terres rares. Pour deux fabricants de terres rares cotés en Bourse, l’un Chinois, l’autre australien, la décision chinoise a plutôt eu pour effet de réveiller leur cours de Bourse (graphique).
Source : Morningstar Direct, données au 3 juin 2019
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