Les marchés actions européens n’ont pas beaucoup brillé depuis la crise financière de 2008 (lire notre analyse). Pourtant, les investisseurs qui ont privilégié le style croissance (« Growth ») ont fait bien mieux que ceux qui ont fait le pari de l’approche « value », c’est-à-dire la recherche de valeurs décotés.
Source : Morningstar Direct
Ces derniers ont non seulement fait moins bien mais la volatilité du style value en Europe a été supérieure à celle du marché dans son ensemble. Pas de quoi attirer le chaland !
D’où vient cette contre-performance ? Des biais sectoriels des deux indices (cf poids sectoriels des deux indices infra).
Mais si ces biais existent c’est qu’ils reflètent aussi une réalité économique.
Les responsables des entreprises des secteurs des services financiers, de l’énergie ou des télécommunications ont non seulement été de piètres allocataires du capital qui leur était confié, mais ils ont en prime subi des pressions réglementaires que n’ont pas forcément subi leurs comparables nord-américains, quand ce n’était pas la volatilité du cours des matières premières.
Autant d’éléments qui ont pesé sur les performances des principaux composants de l’indice MSCI Europe Value.
Du côté des valeurs de croissance, en revanche, tout est allé pour le mieux pour ainsi dire. Si l’Europe n’a pas beaucoup de valeurs de technologie (10% de l’indice MSCI Europe Growth), elle a revanche le secteur du luxe qui, sans atteindre les niveaux de valorisation et de capitalisation boursière observés pour la « tech » américaine, a quand même réalisé de très beaux scores en termes de résultats et de progression des cours de Bourse.
Tout ceci se traduit par des biais fondamentaux qui expliquent pourquoi la décote des titres « value » ne semble pas près de se réduire de sitôt.
Les investisseurs ne doivent pas oublier que les marchés sont régulièrement la proie de manies qui leur font détester un style de gestion pendant une période de temps qui peut paraître interminable.
L’histoire des marchés financiers est aussi faite de revirements aussi brutaux qu’inattendus, et il arrivera forcément un moment où le style « value » retrouvera ses lettres de noblesse.
De même s’enticher de valeurs de croissance sans faire attention au prix payé est le meilleur moyen d’enregistrer des performances décevantes sur le long terme. Le style croissance apporte aujourd’hui des qualités à un portefeuille indéniables.
Et à voir le niveau actuel des taux d'intérêt (la France vient pour la première fois d'emprunter à 10 ans à un taux négatif!), qui n'augure rien de bon sur la croissance ou l'inflation attendue dans un avenir plus ou moins proche, le style "Growth" semble avoir encore de beaux jours devant lui.
Les investisseurs devraient toutefois faire attention aux multiples de valorisation de certaines valeurs ou de certains secteurs et devraient sans doute attendre des phases de correction pour acheter de la croissance pérenne à un prix sans doute plus raisonnable que les niveaux actuels.
Principales pondérations sectorielles
MSCI Europe Growth (258 titres, capitalisation moyenne : 15,1 milliards d’euros): consommation courante (25,2%), industrie (19.3%), santé (17.4%), consommation discrétionnaire (11,8%), technologie (10,2%).
MSCI Europe Value (225 constituents, capitalisation moyenne : 15,7 milliards d’euros) : services financiers (33%), énergie (15,6%), matériaux (8,1%), télécommunications (7,9%), santé (7,8%), services collectifs (7,3%).
Evolution comparée des styles "Growth" et "Value"
Source: Morgan Stanley
Source: Morgan Stanley
Source: Morgan Stanley