BASF : une communication qui coûte cher

L’avertissement du groupe chimique allemand vient s’ajouter aux problèmes rencontrés par d’autres acteurs de l’industrie.

Jocelyn Jovène 10.07.2019
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BASF Chemicals Steam Cracker

Source: BASF

En l’espace de trois mois, changement de ton chez BASF. L’un des plus gros groupes chimiques au monde a revu drastiquement à la baisse ses prévisions financières pour le deuxième trimestre et l’année 2019, citant les difficultés de l’industrie automobile dans le monde, notamment en Chine, et une météo plus difficile en Amérique du Nord.

Le groupe fournit des produits chimiques pour des marchés aussi variés que l’automobile, le traitement de surface, l’impression 3D, les batteries, les produits d’hygiène, phytosanitaires ou les ingrédients alimentaires (voir son guide pour les investisseurs pour se faire une idée).

Malgré la diversité relative de ses marchés clients, BASF n’a pas échappé au ralentissement de la production industrielle, provoqué selon le groupe par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Cet avertissement démontre une fois de plus qu’être présent partout et d’offrir des produits à tout le monde n’offre pas d’avantage particulier, observent les analystes de JPMorgan dans une note datée du 9 juillet. Le courtier appelle d’ailleurs la direction de BASF à « considérer sérieusement l’optimisation et la simplification de son portefeuille » d’activités.

Pour d’autres observateurs, cela reflète une mauvaise communication de la part du directeur général, Martin Brudermüller, qui il y  a quelques mois se montrait particulièrement optimiste sur la Chine ou l’évolution des marges de craquage.

Résultat, mardi 9 juillet, le titre BASF reculait de 3%. Depuis le début de l’année, il ne recule que de 0,6% mais fait partie des titres qui sous-performent significativement le DAX, en hausse lui de près de 18%.

Les problèmes de BASF ne laisseront pas indemnes les autres acteurs de l’industrie. Parmi les groupes chimiques les plus à même d’annoncer à leur tour de mauvaises résultats dans les semaines à venir, les courtiers citent Johnson Matthey, EMS Chemie et Covestro.

La seule « bonne nouvelle » est le maintien d’un programme de réduction des coûts de 2 milliards d’euros (lequel prévoit déjà 6.000 suppresions d’emplois), qui devrait contribuer à redresser l’excédent brut d’exploitation d’ici 2021, selon Rob Hales de Morningstar.

L’analyste estime que Lanxess et Victrex pourraient également pâtir des difficultés du secteur de la chimie.

Morningstar a abaissé son estimation de juste valeur sur BASF de 74 à 70 euros par action. Le titre est noté 4 étoiles.

D’autres soulignent la prime de valorisation de BASF par rapport au secteur, prime moins justifiée après son avertissement. Avant ce dernier, le titre se traitait sur des multiples de valorisation de respectivement 10,2x et 8,4x l’EBITDA prévu pour 2019 et 2020, contre une moyenne historique de 7,9x et 7,3x pour les groupes chimiques diversifiés.

L’autre question est la capacité du groupe à préserver son dividende. Pour Credit Suisse, la couverture de ce dernier est désormais de 80% environ, et tombera à 75% après les cessions prévues (chimie pour la construction, le pétrole et le gaz et les pigments).

« Si le rendement du dividende est un support important, nous pensons que le marché va surtout se focaliser sur le moment des profits et de la trésorerie », écrit le courtier dans une note datée du 10 juillet.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.