Le groupe de services collectifs Suez subit la pression du fonds activiste Amber Capital, basé à Londres et fondé par le français Joseph Oughourlian, qui s’était déjà manifesté lors de son assemblée générale.
Dans un site dédié à son action, avec communiqué de presse, lettre au conseil d’administration et présentation, le fonds d’investissement estime que Suez s’est trop focalisé sur la croissance de son chiffre d’affaires et pas sur l’amélioration de la rentabilité du capital.
Cette stratégie s’est traduite par une série d’acquisition, financées en partie par des augmentations de capital destructrices de valeur.
Ainsi, entre 2008 et 2018, Amber Capital estime que les capitaux employés par Suez sont passés de 10,1 à 18,6 milliards d’euros, avec une augmentation de 27% du nombre d’actions en circulation au cours de la période.
Dans le même temps, le résultat opérationnel n’a progressé que de 26% en cumulé (+2,3% par an), le résultat net ajusté a reculé de 45,6% (-5,9% par an), et le dividende par action est resté stable.
Sur la période 2013-2018, Suez a investi 13 milliards d’euros qui n’ont généré quasiment aucun résultat opérationnel ni flux de trésorerie disponible additionnel, selon Amber Capital.
Pour remédier à ce problème, le fonds d’investissement suggère au nouveau directeur général de Suez, Bertrand Camus, de revoir son portefeuille d’activités, avec à la clef restructuration des activités centrée sur l’amélioration de la rentabilité du capital, adoption d’un modèle « asset light » (devenir opérateur plutôt que propriétaire des actifs) et cessions d’actifs (Agbar notamment).
Les capitaux libérés devraient permettre de réduire l’endettement du groupe, retourner du cash aux actionnaires et réinvestir dans des activités plus rentables. Sur ce dernier point, les propositions d’Amber Capital sont toutefois inexistantes, le focus de la présentation étant bien la réduction des coûts.
L’autre proposition d’Amber concerne le conseil d’administration, trop nombreux. De 19 membres, Amber souhaite qu’il soit ramené à 13-14, se basant sur la moyenne des entreprises constituant le CAC 40, l’Euro Stoxx 50 et… Engie, actionnaire de référence de Suez.
C’est d’ailleurs la remarque la plus piquante de la présentation. Les dirigeants de Suez feraient bien de s’inspirer de la stratégie conduite par Isabelle Kocher à la tête de l’énergéticien, dont ils saluent la stratégie (slide 21 de la présentation).
Pour l’heure, la Bourse observe mais ne réagit guère. Le titre gagne 0,4% en milieu de matiné après une hausse de 1,2% la veille. Depuis le début de l’année, il progresse de près de 15% contre 17,3% pour l’indice SBF 120 et 15,3% pour le Stoxx Europe 600.
Morningstar estime la juste valeur du titre à 11 euros, sans rempart concurrentiel ("No Moat").
Selon les données de Morningstar, Suez représentait à fin mars 7,08% du fonds Amber Event Europe, soit 0,05% de la capitalisation boursière actuelle de Suez.
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