Cette année, l’été aura été plutôt chahuté sur les marchés. En Europe, les Bourses ont accusé le coup, cédant 4,1% sur un mois et ramenant la performance de l’année à 13,5% pour l’indice Stoxx Europe 600 (dividendes inclus). La Bourse américaine souffre tout autant, mais conserve son avance (elle perd 4,8% sur un mois, mais gagne toujours 19% depuis le début de l’année pour un investisseurs en euros).
La chute des taux longs, reflet d’une inquiétude croissante des investissuers quant aux perspectives de l’économie mondiale, a intensifié la dispersion des performances entre secteurs d’activité, comme l’illustre le graphique suivant.
Source : Morningstar Direct
De fait, cet environnement de faible inflation et de croissance économique molle pousse les investisseurs à jouer les mêmes thématiques, en particulier celle des « Bond Proxies », ces entreprises qui disposent d’un pouvoir de négociation sur leurs prix de vente (« pricing power »), offrent une relative visibilité sur leurs flux de trésorerie et leurs dividendes.
En tête au sein de cette catégorie, on trouve notamment les secteurs des boissons et de l’alimentation (+32,5% depuis le début de l’année !), les produits de soins et d’entretien (+21%), la technologie ou la santé (+20% chacun).
Etonnamant des secteurs a priori plus cycliques comme la construction, les services financiers surperforment également.
Etonnament aussi, des secteurs généralement considérés comme défensifs comme l’énergie ou les télécommunications sous-performent puisqu’ils sont « flat » sur l’année.
Et sans surprise, qui dit baisse des taux longs, dit « évitons les banques », seul secteur dans le rouge depuis le 1er janvier (-5,9%).
Le sentiment des investisseurs, particulièrement complaisants depuis la baisse des taux de la Fed en juillet dernier, est brutalement devenu beaucoup moins optimiste avec l’intensification des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.
Des éléments plus fondamentaux peuvent aussi expliquer la divergence des performances entre secteurs. Les publications du deuxième trimestre font ressortir dans l’ensemble une baisse de 0,4% des profits des entreprises en Europe, avec des replis marqués dans l’énergie, les produits de base, ou la consommation cyclique et un très léger repli dans les services financiers.
A l’inverse, la consommation courante, la santé, la technologie, les services collectifs surperforment (tableau).
Source : JPMorgan
Parmi les facteurs qui pourraient de nouveau renverser le cours des marchés, on trouve bien évidemment une détention entre Chine et Etats-Unis, de nouvelles baisses de taux par la Fed et l’annonce d’une position plus accommodante de la BCE.
Autre élément très important: la stabilisation des prévisions de croissance des bénéfices des entreprises en Europe, qui étaient vues en progression de 8,4% début 2019 et ne devraient plus progresser que de 1,9% cette année, selon le consensus.
Ces éléments seraient en mesure d’ici quelques trimestres de rassurer les marchés et surtout entraîner un rebond des indicateurs avancés, plus à mêmes de relancer les secteurs d’activité les plus cycliques (automobile, voyages et loisirs, produits de base), lesquels ont perdu beaucoup de terrain cette année.