Depuis le début de l’année, l’indice Morningstar China enregistre un gain de 11% en euros, contre une progression de près de 21% pour l’indice représentant les actions mondiales (Morningstar Global Markets).
Source : Morningstar Direct
Derrière cette performance on trouve des situations assez contrastées entre secteurs d’activité, en particulier au regard des niveaux de valorisation.
Comme le montre le graphique suivant, produit par les stratégistes de la banque JPMorgan, les secteurs les plus chèrement valorisés regroupent les entreprises de croissance et de qualité comme la consommation défensive, la technologie, la santé et dans une moindre mesure les communications et la consommation discrétionnaire.
A l’inverse, l’industrie, les matières premières, les banques, les services collectifs, l’énergie et même l’immobilier se traitent avec des décotes de valorisation.
Source : JPMorgan
Cette polarisation n’est pas uniquement le cas de la Chine mais de la plupart des marchés développés.
Dans un environnement de taux d’intérêt durablement faibles et en l’absence de remontée de l’inflation à travers le monde, les investisseurs privilégient les valeurs de croissance offrant une relativement bonne visibilité sur les flux de trésorerie futurs, quitte à les payer très cher, et délaissent des pans entiers de la cote au motif que ces valeurs ne seront pas en mesure de faire croître leurs niveaux de rentabilité (en particulier les banques qui ont dans certaines régions une pondération importante dans les indices, comme en Europe) ou qu’elles sont trop exposés aux risques conjoncturels du moment, comme la guerre commerciale.
Les derniers mois ont certes vu un mouvement de rotation sectorielle vers les titres « value », sur fond de détente commerciale, mais rien n’indique à ce stade que ce retournement de style sur les marchés est pérenne. Cette situation n’est d’ailleurs par nouvelle, les discussions ayant alternée les phases de « progrès » avec les ruptures de manière répétée depuis plus d’un an.
Source : JPMorgan
La performance des actions chinoises a également été affectée par les tensions autour de Hong-Kong, ce qui a créé un écartement de performance entre les actions domestiques chinoises (A shares), aidées par la politique accommodante de la Banque Populaire de Chine, et celles cotées à la Bourse de Hong-Kong.
Tous ces éléments ont pesé sur la valorisation de la Bourse chinoise, en particulier sur les secteurs « value », très faiblement valorisés.
Source : JPMorgan
Alors que la Bourse chinoise se traite sur un multiple moyen de 11,3x, les banques, l’immobilier, l’industrie, les matériaux et l’énergie affichent des multiples de valorisaton de respectivement 5,2x, 5,3x, 8x, 8,5x et 9,1x, soit des décotes allant de 19% à 54%.
Cette situation semble appelée à perdurer aussi longtemps que les investisseurs n’auront davantage de visibilité sur l’évolution de la croissance économique (ralentissement ou raffermissement) et sur l’état des discussions avec les Etats-Unis.
Dans le contexte actuel, il y a de bonnes chances pour que les paris sectoriels et thématiques des investisseurs (valeurs de qualité défensives) continue d’être joués, au moins à court et moyen terme.