L’Oréal, c’est bien, mais c’est cher. L’entreprise affiche un parcours financier et boursier remarquable. Depuis le début de l’année, l’action a progresssé de 25%, grâce au relèvement des prévisions de résultat (+9%) et à l’augmentation de son multiple de valorisation (+14%).
Le groupe de cosmétiques incarne le type de valeur dont les investisseurs raffolent : un bilan solide, des résultats et des flux de trésorerie (cash-flows) en croissance régulière ; autant de caractéristiques regroupées dans l’expression « qualité croissance ». Au point de se traiter aujourd’hui sur des multiples historiquement élevés (graphique).
Source : Factset, Morningstar
Pour Rebecca Scheuneman de Morningstar, L’Oréal bénéficie d’un rempart concurrentiel étendu (« Wide Moat »). Le groupe est le premier producteur mondial de cosmétiques, aidé par un portefeuille de marques très solides, de solides relations avec les distributeurs et bénéficie en outre d’un avantage coût qui se traduit par un niveau de marge brute élevé et en progression constante (70% en 2004, 72,8% en 2018).
Logiquement, le cours de Bourse a accompagné la croissance des résultats (+7,8% par an pour le bénéfice par action entre 2008 et 2018).
La consommation de produits cosmétiques par habitant progresse à travers le monde, tirée par l’augmentation du pouvoir d’achat de la classe moyenne, en particulier dans les marchés émergents où L’Oréal a généré 43% de son chiffre d’affaires l’an dernier.
Le budget beauté des consommateurs d’Europe de l’Est et d’Amérique Latine représente un tiers de celui des pays développés. La proportion n’est que de 20% en Asie et au Moyen-Orient.
Morningstar estime que la qualité du portefeuille de marques, couplée aux moyens de marketing et de R&D du groupe lui assureront de maintenir un rythme de croissance raisonnable sur le long terme.
L’Oréal se distingue de ses concurrents par l’étendue de son portefeuille de marques, son caractère relativement équilibré avec des offres pour le « mass market », le marché des produits de luxe, les salons de coiffure et les canaux démartologiques et médicaux.
Cette diversité du portefeuille a immunisé le groupe pendant les phases de récession, comme en 2008-2009, avec une décélération de la croissance à 2,8% en 2018 et un repli de seulement 0,4% en 2009, avant de rebondir de 11,6% en 2010.
Toutes ces qualités sont de fait largement intégrées dans le cours de Bourse. A 31,9x le bénéfice par action attendu au cours des 12 prochains mois, l’action L’Oréal se traite à deux écarts-types de sa moyenne historique des 15 dernières années.
Cette situation expose le titre à une certaine volatilité si les résultats de l’entreprise venait à décevoir.
Cela dit, nous pensons que L’Oréal sera en mesure d’améliorer sa rentabilité. Nous tablons sur un taux de marge brute de 73,8% d’ici 10 ans, tandis que le frais de structure (frais généraux, administratifs et commerciaux) devraient rester en ligne avec leur moyenne historique, autour de 20,5%. L’effort publi-promotionnel devriat se situer à 30%, ce qui signifie que le groupe devrait dégager une marge d’exploitation de 20% sur le long terme.
Ce que les « Bulls » disent :
- Avec 43% des ventes dans les pays émergents, L’Oréal est idéalement positionné pour profiter de la croissance de la classe moyenne.
- L’Oréal bénéficie d’un portefeuille diversifié et équilibré de marques, s’adressant à tous les segments de clientèles via différents canaux de distribution.
- L’équipe de direction de L’Oréal affiche un historique de performance remarquable, ce qui renforce son caractère défensif et se traduit par des niveaux de rentabilité élevés.
Ce que les « Bears » disent :
- 27% des ventes proviennent d’Amérique du Nord, où le risque de récession a sensiblement augmenté récemment, avec un ralentissement du trafic dans les grands magasins et les centres commerciaux.
- L’Oréal est une entreprise globale qui est exposée à des risques pays spécifiques, comme le Brexit ou l’évolution des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, deux marchés très importants pour le groupe.
- Le changement technologique rend plus facile l’émergence de nouvelles marques de cosmétiques, plus agiles et réactives que ne peuvent parfois l’être certaines marques de L’Oréal.
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