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FDJ : l’Etat se montre un peu gourmand

Le prix est proposé entre 16,50 et 19,90 euros par action, valorisant l’entreprise 3,5 milliards d’euros en milieu de fourchette.

Jocelyn Jovène 07.11.2019
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L’Etat a donné le coup d’envoi officiel de la privatisation de la FDJ (Française des Jeux) en proposant les actions qu’il cèdera entre 16,50 et 19,90 euros par actions pour les investisseurs institutionnels.

Sur la base de la moyenne de fourchette, l’opération valorise FDJ à 3,5 milliards d’euros.

« L’offre s’inscrit dans le cadre du transfert au secteur privé de la majorité du capital de la Française des Jeux autorisé par la Loi Pacte », précise la note d’opération.

Les particuliers et détaillants FDJ auront droit à un petit traitement de faveur, avec une décote de 2% sur le prix proposé et auront droit à 1 action gratuite pour 10 achetées au-delà d’une période de détention minimale de 18 mois.

L’Etat vera sa participation au capital de FDJ passer de 72% à 20% et souhaite placer sur le marché au maximum 99,32 millions d’actions.

L’opération lui rapporterait entre 1,6 et 2 milliards d’euros (selon la fourchette de prix et sur la base du nombre maximal d’actions cédées). 

L’offre ouvre ce jeudi 7 novembre jusq’au 19 novembre 17h (pour les particuliers), et jusqu’au 20 novembre 12h dans le cadre du placement global (institutionnels). Le prix définitif de l’offre sera arrêté le 20 novembre. La cotation de FDJ devrait débuter le 21 novembre.

En première lecture, sur la base des multiples de valorisation, le prix proposé ne semble pas offrir de réelle décote de valorisation alors que FDJ est moins profitable que ses principaux comparables boursiers (OPAP, Tabcorp).

Si l’on applique le multiple moyen (10,3x) de valorisation de ces comparables à l’EBITDA prévu pour 2019 (325 millions d’euros) et que l’on tient compte d’une situation de trésorerie nette de 155 millions d’euros à fin septembre 2019 (selon la note d’opération), la FDJ serait valorisé 3,5 milliards d’euros ou 18,34 euros par action.

La valorisation implicite semble donc raisonnable en première approche (elle correspond au milieu de fourchette), mais n’offre pas de réel potentiel d’appréciation (en dehors de toute spéculation qui ferait monter le cours de Bourse en dehors de toute justification fondamentale).

Pour que ce potentiel se traduise en une appréciation durable du cours de Bourse, il faudra que le plan stratégique présenté au marché se déroule sans accroc.

FDJ opère dans un secteur relativement protégé (monopole concédé par l’Etat sur les jeux et paris sur points de vente qui représentent le gros de l’activité et des profits de l’entreprise) mais est également exposé à une concurrence intense dans les paris sportifs, là où la croissance se trouve.

De plus, l’entreprise cherche à se diversifier mais n’a pas d’historique en matière de croissance externe. Il faudra donc un peu de temps pour évaluer la capacité de l’équipe dirigeante à bien allouer le capital.

Enfin, FDJ affiche une rentabilité inférieure à ses comparables qui justifierait plutôt une décote de valorisation un peu plus significative pour rendre l’opération réellement attrayante.

Mais il faut croire qu’une fois encore, l’Etat n’a pas cherché à faire de cette privatisation une opération réellement populaire, privilégiant les rentrées d’argent frais pour répondre à ses besoins de désendettement.

 

Pour aller plus loin

Prospectus de l'opération

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.