Les « déconnexions » sur les marchés financiers ne présagent souvent rien de bon. C’est le cas de la Bourse américaine.
L’indice S&P 500 atteint de nouveaux records, aidé par la relative détente des relations entre Etats-Unis et Chine sur les négociations commerciales, la fin de la détérioration des indicateurs avancés dans le monde (PMI) et des banques centrales qui font preuve de présence.
Les prévisions de résultats des entreprises, en dépit d’une saison des résultats du troisième trimestre qui est plutôt bonne à ce stade, ne cessent d’être revues à la baisse.
Bref, la Bourse américaine monte parce que le sentiment des investisseurs est relativement positif.
Depuis le début de l’année, la progression du S&P 500 (+23,8%) s’explique pour 1,6% par la progression des estimations de résultats et pour 22% par l’augmentation du multiple de valorisation (17,5x contre une moyenne historique de 15,8x depuis 2000).
Si l’on applique le multiple historique moyen aux prévisions actuelles de résultats pour l’indice S&P 500 (176,17 dollars), la « valeur raisonnable » de l’indice se situe plutôt à 2.770 points, soit 10% en-dessous de son niveau actuel.
Mais pour l’heure, le marché semble ignorer la dynamique fondamentale des entreprises, et se focalise uniquement sur les bonnes nouvelles.
« Les phases de repli des anticipations de résultats du S&P 500 sont peu fréquentes et rarement annonciatrices de bonne nouvelle pour les marchés actions », indique François Trahan, stratégiste US chez UBS.
Source : UBS, Factset
Dans une note datée du 5 novembre, le stratégiste observe que l’environnement de marché actuel devrait pousser les investisseurs à adopter une posture défensive.
Historiquement, dans les phases de contraction des anticipations des résultats, les secteurs qui ont le mieux résisté ont été les services collectifs, l’immobilier, la santé et dans une moindre mesure la technologie et la consommation défensive (graphique).
Les secteurs plus cycliques (énergie, consommation discrétionnaire, matériaux) ont en revanche sous-performé.
Source : UBS, Factset
Les indicateurs avancés se sont récemment stabilités et pourraient remonter, du fait de la réduction des tensions commerciales (pour combien de temps ?).
Mais malgré le discours accommodant de la Fed et des grandes banques centrales, le risque de récession économique ne semble avoir été que reporté dans le temps. C’est en tout cas le message envoyé par les anticipations de résutlats des entreprises américaines.