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Coronavirus : les actifs risqués sous pression

Tant que l’incertitude persiste, les actifs risqués pourraient rester sous pression.

Jocelyn Jovène 25.02.2020
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La phase de complaisance est terminée. Après avoir superbement ignoré l’imapct du coronavirus sur l’économie mondiale, comme s’il ne s’agissait « que » d’un problème chinois, les marchés ont corrigé de manière assez brutale lundi, après l’annonce pendant le week-end d’une augmentation du nombre de cas en Italie, illustrant l’émergence de nouveaux foyers pas toujours liés à des personnes ayant récemment voyagé en Chine.

Que penser de la situation actuelle ? De l’avis de plusieurs observateurs et experts, la mondialisation de l’épidémie est entrée dans une nouvelle phase, où il est plus difficile de déterminer rapidement et avec précision l’origine des cas infectés. Difficile également d’évaluer quand le pic de cette épidémie sera atteint ou s’il a été franchi. De même, on ne sait pas dans quelle mesure ce type d’épidémie pourrait se répéter dans le futur (comme la saison de grippe).

Cela fait donc beaucoup d’incertitudes qui ont entraîné une chute des marchés actions, une nouvelle baisse à des niveaux records des rendements obligataires et une remontée de l’or et de la volatilité (tableau). Rappelons qu’à 1,37%, le rendement du 10 ans américain est à un niveau que l’on n’avait pas vu depuis l’été 2016.

Assets performance YTD 20200224

Quelle est la sévérité du Coronavirus (« SARS-CoV-2 », ou encore appelé « COVID-19 » du nom de la maladie) ?

Au cours d’une conférence téléphonique organisée par Goldman Sachs, plusieurs spécialistes ont indiqué que le degré de sévérité et de contagion de l’épidémie est sensiblement inférieur à d’autres épidémies ou pandémies.

COVID 19 severity nb of infected cases GS 01

COVID 19 severity nb of infected cases GS 02

Source : Goldman Sachs, « Revisiting SARS-Coronavirus-2 and the Economic and Investment Implications », 24 février 2020

Si la sévérité du virus est inférieure à d’autres maladies, l’impact sur l’activité économique et les marchés financiers est encore difficile à estimer avec précision.

L’espoir de nombreux investisseurs était qu’à ce stade, après une contraction de l’activité liée aux mesures de quarantaines et aux possibles difficultés de certaines chaînes d’approvisionnement, on observerait un rebond rapide et sensible de l’activité. D’où la relative complaisance des marchés pendant une période de temps assez prolongée.

La globalisation de l’épidémie pour des raisons encore inexpliquées dans certains cas (Italie) contraint à plus de prudence, qui devrait mécaniquement affecter les marchés d’actifs risqués.

Il faut en outre observer que par rapport à d’autres pandémies, comme le SRAS, l’environnement économique n’est pas le même aujourd’hui (en 2003, l’économie mondiale était en phase de reprise de l’activité, pas en fin de cycle).

Selon les stratégistes de Goldman Sachs, l’analyse des 5 précédentes pandémies montre qu’au moment de la crise elle-même, les obligations surperforment les actions, mais que ces dernières reprennent pied et surperforment les obligations pendant une période de 3 à 6 mois.

Au final, l’impact sur la croissance économique et sur les marchés actions dépendra de la sévérité de l’épidémie (est-elle déclarée comme « pandémie » par l’OMS par exemple ?) et de la capacité des ouvriers chinois de retourner rapidement travailler (compte tenu de l’imbrication des fournisseurs chinois dans un grand nombre de chaînes d’approvisionnement).

Plus l’épidémie dure, plus le risque de rupture des chaînes d’approvisionnement sera élevé, obligeant les entreprises à trouver d’autres alternatives quand celles-ci existent, avec un impact inévitable sur leurs marges et leur niveau d’activité.

Comme nous et d'autres acteurs de l'industrie (UBS par exemple), l'avons rappelé, il est important de conserver un horizon d'investissement de long terme et de toujours mettre les choses en perspective. Réagir à chaud est très souvent une source de déconvenues futures.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.