De Chine, où elle semble de moins en moins virulente, l’épidémie de coronavirus s’est répandue en quelques semaines à l’ensemble du monde, en particulier les pays développés (Europe, Etats-Unis), entraînant une vague d’aversion au risque majeure.
Mais cette dernière vient de s’amplifier avec l’effondrement des prix du pétrole, provoquée par la décision de l’Arabie Saoudite de faire baisser les cours pour regagner des parts de marché et pénaliser la Russie.
La fuite des actifs risqués continue logiquement de profiter aux valeurs refuge traditionnelles (bons du Trésor américain, Bund, or, yen, franc suisse).
Depuis leur plus haut du 19 février dernier, les actions mondiales ont perdu 12,6% (au 6 mars), mais vont amplifier leur baisse. En Europe, l’indice de marché chute de 17,8% depuis le début de l’année (19,6% en France à travers l’indice CAC 40), de 12,2% aux Etats-Unis (S&P 500 où les futures signalent encore 5% de baisse), de 12,2% au Japon (Nikkei 225) et… de 7,2% dans les pays émergents.
Le spread sur l’indice de crédit haut rendement ICE BofAML Global High Yield a bondi de 182 points de base et celui de l’indice ICE BofAML Global Credit a cru de 42 points de base (à respectivement 549 et 143 points de base, soit des niveaux légèrement en-deçà de sa moyenne de long terme pour le haut rendement et légèrement au-dessus de sa moyenne de long terme pour l’indice de crédit global – données au 6 mars 2020).
A l’inverse, le rendement à 10 ans des bons du Trésor a plongé à 0,5% (mais la courbe des taux ne s’est pas inversée, sans doute grâce à l’intervention surprise de la Fed). Le rendement à 10 ans du Bund a reculé de -0,71% le 6 mars à -0,84% ce lundi. L’or progresse de 11% à 1.683 dollars l’once.
L’indice VIX a lui bondi de 192% sur la période et se situe à 41,94 (au 6 mars) et devrait encore s’envoler ce lundi. C’était déjà un niveau élevé, qui correspondait plus aux phases de correction boursière observées en 2015 ou 2018 qu’à la crise financière de 2008. On pourrait néanmoins entrer dans une autre phase d’incertitude plus élevée.
Qu’est-ce que tous ces indicateurs traduisent ?
Si l’on prend l’histoire comme référence, les marchés expriment une forte inquiétude des investisseurs quant à l’impact, encore très difficile à chiffrer, du coronavirus sur l’économie mondiale et maintenant des effets de second tour de la chute des cours du pétrole, sur le marché du crédit haut rendement en particulier.
La probabilité de récession aux Etats-Unis a ainsi fortement augmenté et les anticipations de croissance bénéficiaire ont été revues à la baisse. Le mouvement n’est sans doute pas terminé. Les investisseurs vont sans doute espérer une nouvelle mesure d'urgence de la part des banques centrales, si possible coordonnée afin que celle-ci ait plus d'impact (la baisse de 50 points de base de la Fed apparaît aujourd'hui comme bien limitée).
Les flux quittent les actifs risqués, fonds actions et haut rendement en tête, et vont se loger dans des fonds monétaires ou obligataires, voire des fonds d’allocation équilibrés ou prudents.
Les signes de fébrilité s’intensifient donc et il se pourrait que la phase de capitulation, c’est-à-dire le moment où tout le monde est désespéré et ne veut plus prendre de risque, soit relativement proche (nous disons cela avec prudence). C’est en tout cas l’avis de gérants de portefeuilles comme Siu-Kee Chan, gérant du fonds NN Patrimial Balanced European Sustainable.
Que faire ?
Sans vouloir chercher à prédire le point de retournement du marché, et comme nous l’avons déjà expliqué ici, la volatilité des marchés ne doit surtout pas produire de panique.
Dans les phases de baisse, si l’on connaît la valeur des actifs auxquels on s’intéresse, la chute des marchés peut offrir une marge de sûreté suffisante pour investir pour le long terme.
Vous pouvez ainsi être certain que des investisseurs comme Warren Buffett et Charlie Munger, ainsi que leurs lieutenants Todd Combs et Ted Weschler, sont à l’affût pour acheter des actions à bon compte.
De même, il existe des fonds de qualité qui sont sans doute pénalisés à court terme par la volatilité des marchés. Mais c’est précisément dans ces moments de quasi-panique qu’il faut s’y intéresser. Notre analyste, Mathieu Caquineau, a récemment écrit sur le sujet.
Selon votre degré de tolérance au risque et à la volatilité, votre horizon d’investissement et votre allocation d’actifs, c’est quand les soldes sont réouvertes sur les marchés comme actuellement qu’il faut agir, pas quand ces derniers montent de manière excessive ou trop complaisante comme ce fut le cas entre le second semestre 2019 et la mi-février de cette année.
Nous allons très prochainement mettre à jour notre liste de valeurs de qualité décotées, en Europe et aux Etats-Unis, pour vous aider à trouver des idées d’investissement.
Comment les investisseurs doivent-ils réagir ?
Comme lors des précédentes phases de correction majeures sur les marchés, le calme doit prévaloir.
La volatilité doit toujours être considérée comme une source d’opportunités, en particulier lorsque l’on a un horizon de long terme. Comme toujours, les valeurs refuge bénéficie du mouvement (« risk off ») avec le 10 ans US a un plus bas de 1,14% vendredi dernier, et le 10 ans allemand a chuté à -0,62% (-0,31% pour le 10 ans français).
L’indice de volatilité a fortement rebondi (40,11 pour le VIX vendredi), mais reste encore bien en-deçà des plus hauts atteints historiquement, pendant la crise finanicère de 2008 notamment.
Les investisseurs doivent donc se montrer attentifs avant tout aux niveaux de valorisation des actifs qu’ils considèrent intéressants et en phase avec leur allocation d’actifs, du point de vue de leur couple rendement-risque.
Pour les investisseurs, une fois encore, le plus important est de garder son sang-froid et de se poser les bonnes questions. Pour vous y aider, voici une série d’articles publiés dans le passé dans des circonstances similaire ou destinés à vous éclairer sur l’évolution récente des marchés.
Wall Street: vers une bulle ou un krach ?
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