Pétrole : quelles perspectives après la décision saoudienne ?

Choc d’offre et de demande expliquent la chute des cours. Celle-ci n’est sans doute pas terminée.

Allen Good 09.03.2020
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L’échec de la coalition OPEC+ de trouver un accord sur des baisses de production d’hydrocarbures le 6 mars a provoqué une violente correction des cours du pétrole, avec l’une des plus fortes baisses en un jour depuis près de 20 ans.

La semaine dernière, le consensus tablait sur un accord au sein du cartel, incluant la Russie, qui pourrait soutenir les cours du pétrole au moment où la demande mondiale donnait des signes de faiblesse.

Le marché anticipait à minima un accord sur la poursuite des réductions de production tout au long de 2020, plutôt que de les laisser expirer à la fin du mois de mars. L’accord du cartel était d’agir le 5 mars, en augmentant la part des « coupes » de 0,5 à 1,5 million de barils/jour. Mais cette proposition n’était pas engageante et a été rejetée le 6 mars par la Russie.

Ceci a donc libéré les membres du cartel de tout engagement, leur permettant d’augmenter leur production au moment où le marché du pétrole donnait de clairs signaux de déséquilibre. Cette situation s’est aggravée avec la décision de l’Arabie Saoudite de vendre du brut avec une forte décote, déclenchant une guerre des prix.

Ce choc de l’offre coïncide avec un choc de la demande lié à l’épidémie de coronavirus, et se traduit par une forte baisse des prix du pétrole. Ce mouvement de baisse n’est sans doute pas terminée.

L’horizon de court terme pour les compagnies pétrolières est sombre, et il est probable que les estimations de juste valeur de plusieurs d’entre elles devront être revues à la baisse.

Toutefois, ces enjeux ne concernent que la génération de trésorerie pour l’année ou les 2 années à venir. La Russie et l’OPEP n’ont pas la capacité de prendre la place des producteurs d’huiles de schiste nord-américains dans l’offre mondiale de pétrole, ce qui signifie que le coût marginal du baril de brut WTI devrait se situer à 55 dollars.

Même si le coronavirus pèse sur la demande à hauteur de 1,2-1,3 million de barils/jour, comme précédemment attendu, nous ne voyons pas le déséquilibre durer au-delà de 2021.

La croissance de la demande de pétrole tend à être élastique, et la dynamique de croissance de l’an prochain pourrait être plus soutenue que celle observée actuellement.

Au-delà de 2021, nous ne voyons pas de rupture de tendance dans la demande, y compris en provenance de la percée des véhicules électriques, qui impacterait durablement la consommation de pétrole. A cet horizon, il y a de bonnes chances que la situation d’excès d’offre se transforme en pénurie.

 

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A propos de l'auteur

Allen Good  Allen Good is a senior stock analyst covering the oil and gas industries.