Aucune crise financière ne ressemble à la précédente et pourtant elles ont souvent bien des points en commun.
Après une année 2019 étonnante à plus d’un points, avec des niveaux de valorisation parfois élevés et laissant peu de place aux mauvaises surprises, 2020 marque le dur rappel à la réalité. Un virus va provoquer une récession économique mondiale.
Du virus à la récession
En l’espace de quelques semaines, le coronavirus a mis à terre l’ensemble des places boursières et testé les capacités de coordinations des politiques économiques. Au regard de ce que l’on a pubobserver à ce stade, il semble bien possible que la correction des marchés financiers, engagée depuis le 19 février, ne soit pas terminée.
Face à l’incertitude autour de l’ampleur de la crise sanitaire, les biais psychologiques caractéristiques de toute panique boursière (aversion aux pertes notamment) ont d’abord conduit les investisseurs à vendre les actifs risqués, et à ne guère prêter attention aux différentes annonces des banquiers centraux. Les annonces de ces derniers ne semblent qu’accorder de brefs répits aux marchés pour permettre à ceux qui le peuvent encore de vendre sur les phases de rebond.
La deuxième phase de la baisse ne semble pas encore engagée, mais elle devrait être tirée par l’accumulation de données de plus en plus pessimistes. Les indicateurs avancés sont déjà passés en territoire récessif dans plusieurs pays et les dernières enquêtes du PMI traduisent un pessimisme élevé.
Un nombre croissant d’entreprises ont commencé à avertir sur leurs résultats futurs, mais beaucoup manquent totalement de visibilité pour communiquer de manière précise.
Il est donc fort probable qu’une deuxième phase de baisse s’engage au moment où le monde entrera effectivement en récession. Et il est tout aussi probable que le jour où les organismes officiels annonceront la récession, les marchés auront déjà entamé leur phase de rebond.
Echos de 2008
De part certaines de ses manifestations, la crise actuelle fait penser à la crise financière de 2008, où l’incertitude et l’impossibilité d’estimer l’ampleur de la crise avaient conduit des dépressions sur les prix des actifs dans des proportions parfois extrêmes. L’histoire nous a toutefois montré que pour les investisseurs qui savent garder leur calme et voir sur le long terme, la fenêtre d’opportunité est déjà ouverte. Il leur faudra juste accepter de s’exposer à une volatilité qui n’est pas encore prête de diminuer.
Les performances des différentes classes d’actifs pendant la crise de 2008 semblent un relatif bon guide de ce qui peut attendre les investisseurs. On voit d’ailleurs que dans certains cas, l’actuelle phase de stress sur les marchés financiers a déjà battu des records (cas du VIX).
Les mêmes maux produisent les mêmes effets : chute du prix des actifs financiers (actions en tête), ventes forcées, assèchement des liquidités et fuite vers les valeurs refuge, écartement des spreads sur de nombreux actifs qui reflètent la difficulté à trouver une contre-partie sur le marché et augmentation des indicateurs de stress financier.
Les leçons de 2008
En 2008, en dehors du cash, des obligations d’Etat les plus sûres, de l’or, de la volatilité et de quelques devises (yen, franc suisse), rares ont été les actifs à pouvoir protéger les portefeuilles.
Le tableau montre qu’à travers le monde, la crise actuelle a déjà fait une partie du chemin. Mais si l’histoire devait se répéter, le mouvement de baisse n’est sans doute pas terminé.
Source : Morningstar Direct, données au 17 mars 2020
Au niveau des secteurs d’activité, le constat est similaire. Nous avons pris les secteurs composant l’indice Stoxx Europe 600.
Source : Morningstar Direct, données au 17 mars 2020
Durant la crise de 2008, les secteurs de la chimie, de l’alimentation-boisson, de la santé, des produits d’entretien et de beauté, des télécommunications et des services collectifs (« utilities ») ont surperformé le marché en termes relatifs, même s’ils ont subi des baisses comprises entre 34% et 48% (contre -58% pour l’indice et des pertes allant jusqu’à 81% pour le secteur bancaire).
La composition des indices boursiers américains étant sensiblement différente, il est possible que la réaction de Wall Street en soit impactée.
Mais l’expérience de 2008 montre que dans un scénario de récession mondiale, comme il semble se profiler aujourd’hui, les investisseurs assez peu d’endroits pour se mettre à l’abri.
Il est donc important de garder une vue de long terme pour ses placements et de se dire que la volatilité des marchés est toujours une source d’opportunités. Pour ceux qui disposent de liquidités, le moment de revenir sur les marchés n’est sans doute pas encore venu, mais il faut se préparer.