Nos pensées vont à l’ensemble des personnels soignants de par le monde qui se battent contre le coronavirus, ainsi qu’aux familles des personnes malades ou endeuillées par le Covid-19.
Les phrases de krach boursier sont sans doute les plus difficiles à gérer. Non seulement, vous avez la perte de valeur de vos positions à supporter mentalement, mais vous vous demandez aussi, si vous avez des liquidités à investir, si c’est le bon moment pour le faire.
La phase de rebond du marché baissier rend la prise de décision encore plus difficile. Vous savez que dans l’environnement actuel, la situation économique globale et celle des entreprises va se dégrader de manière significative. L’inconnue réside dans l’ampleur de cette récession, mais le fait que toutes les entreprises prennent des mesures de préservation de leur trésorerie, tandis que certains secteurs sont en situation de détresse (transport aérien notamment), indique qu’elle sera d’ampleur.
Envisager une nouvelle phase de correction boursière ne semble donc pas une hypothèse folle.
Comment gérer cette situation. Faut-il d’ores et déjà investir ou attendre le prochain point bas ?
Dans son dernier memo (« Calibrating »), Howard Marks, co-fondateur du fonds d’investissement Oaktree Capital, apporte des éléments de réponse à ce dilemme cornélien.
Marks suggère d’aborder la question en fonction de l’environnement de marché et de l’état d’esprit des investisseurs, mais également en tenant compte de son horizon d’investissement et de ses propres contraintes (en matière d’appétence ET de capacité à prendre du risque – ce que les anglais appellent « willingness » et « ability »).
Dans le passé récent (prenez l’an dernier par exemple), le prix des actifs était élevé, les perspectives de rendement de long terme de nombreux actifs étaient faibles et le comportement des investisseurs était caractérisé par une recherche de rendement, quitte à prendre plus de risque (notamment un risque d’illiquidité). Une situation qui aurait dû déjà inciter à une certaine prudence, comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises (notamment ici, ici ou là).
Aujourd’hui, la situation est celle d’un risque économique et financier majeur – déjà en partie bien reflété par la chute des cours de Bourse et la forte hausse des spreads de crédit – avec comme contrepartie des perspectives de rendement qui redeviennent plus raisonnables voire attrayantes dans certains compartiments des marchés (regardez le secteur de l’énergie par exemple), et des investisseurs qui sont fortement averses au risque et préfèrent détenir des liquidités avant tout.
Marks pose les termes du débat en termes de posture défensive ou offensive. Dans le premier cas, la posture défensive faisait sens. Aujourd’hui, beaucoup moins.
« Cela ne veut pas dire que les perspectives sont favorables. Je veux juste dire que les conditions ont changé à un point tel qu’une posture de prudence n’est plus un impératif », écrit-il dans son mémo.
Est-ce le moment d’acheter ? C’est sans aucun doute un moment où il faut être prêt à investir, et peut-être aussi à commencer à saisir des opportunités (en particulier des entreprises de qualité décotées par rapport à leur valeur intrinsèque).
C’est aussi le moment idéal pour réfléchir aux évolutions profondes à venir de l’économie, de la société et trouver les entreprises les plus solides et les mieux positionnées pour en tirer parti.
Les marchés pourraient d’ici là tester de nouveaux plus bas. Dans ce domaine, l’histoire ne se répète pas, mais elle rime, comme dit l’adage.
Doit-on attendre le point bas ? Tout d’abord, ce point n’est pas connu, ou tout du moins, n’est pas prévisible. Et la réponse est clairement « non », selon Marks (mais nous sommes assez d’accord avec lui).
Mais le mieux est sans doute d’investir avec parcimonie ou par étapes (pas du tout ou rien), et le faire toujours en connaissant de manière approfondie ce qu’on achète. Acheter un actif parce que son cours a fortement baissé ou ses multiples de valorisation sont historiquement bas est sans doute la pire des décisions à prendre.
Comme le dit Marks « le mieux est l’ennemi du bien. (…) L’objectif de l’investisseur devrait être de réaliser un nombre important d’achats judicieux, pas uniquement de réaliser des coups de maître. »