En l’espace de quelques semaines, les marchés actions à travers le monde sont passés d’un pessimisme extrême à l’espoir d’un rebond rapide de l’activité économique.
Les raisons de la correction boursière sont bien connues et ont été largement analysées sur ce site : incertitude quant à l’impact du coronavirus sur l’activité économique ; recherche de liquidité des investisseurs qui ont cédé les actifs les plus faciles à vendre (actions en tête) ; sanction des secteurs les plus exposés aux mesures de confinement (transport aérien, aéronautique, hôtellerie, automobile…) et arbitrage en faveur des secteurs « gagnants » ou considérés comme défensifs (technologie, distribution, télécommunications, services collectifs ou consommation courante).
« RORO »
Durant ces deux phases, les investisseurs ont arbitré rapidement entre secteurs d’activité. On parle ainsi de « rotation » des actifs sûrs ver les actifs risqués et réciproquement (« Risk-On, Risk-Off » ou « RORO »), des secteurs d’activités défensifs vers les secteurs plus cycliques, des styles orientés croissance (dans les phases de correction) vers ceux plus « value » (dans les phases de rebond).
Ainsi récemment, les marchés actions ont rebondi en pariant sur scénario de reprise en « V » de l’activité économique, les mesures de confinement étant progressivement levées dans un nombre croissant de pays.
Les titres « value » qui sous-performent depuis près de 10 ans (en raison notamment de l’effondrement des taux longs), ont rebondi tout récemment avec le retournement des indicateurs avancés d’activité économique (en zone euro, le PMI du seteur manufacturier est ainsi passé de 16,9 en avril à 30,5 en mai). Les valeurs bancaires, automobiles ont surperformé la santé, les semi-conducteurs au cours des dernières séances de Bourse. En revanche, ces titres « value » accusent toujours un important retard sur le reste du marché (graphique).
Source : Morningstar Direct
Ces rotations entre classes d’actifs ou secteurs d’activité créent un bruit important sur les marchés. Pour l’investisseur de long terme, ce « bruit » peut conduire, par le truchement de biais psychologiques, à vouloir intervenir pour éviter de râter le train en marche.
Il est important dans de telles circonstances de toujours prendre du recul, en regardant l’état des fondamentaux et les niveaux de valorisation.
En termes de fondamentaux, la reprise économique n’est pas encore actée (les indicateurs avancés sont toujours sous la barre de 50 qui indique une expansion de l’activité). Les estimations de résultats ont été revues à la baisse. Le marché anticipe une contraction de 26,7% des profits en Europe cette année d’après UBS. L’espoir d’un rebond des profits en 2021 (+31,6%) est en grande partie déjà intégré dans les cours (P/E 2021 du marché européen proche de sa moyenne historique).
Le seul moteur d’évolution des indices est le niveau des multiples de valorisation. Ces derniers reflètent avant tout la psychologie des investisseurs, et leur niveau actuel traduit un optimisme certain sur la reprise de l’économie.
Les investisseurs doivent toujours faire preuve de lucidité et de discernement entre ce qui relève d’une dynamique d’ensemble et comment cela se traduira pour les entreprises.
La crise du coronavirus a montré que toutes les entreprises n’avaient pas subi les contrecoups de cette pandémie de la même façon.
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