La Banque centrale européenne a réussi à créer une agréable surprise le 4 juin dernier, en relevant et en prorogeant son programme de rachat d'actifs "temporaire" (PEPP), décidé pour répondre à l'urgence de la crise de Covid-19. Ce programme vient compléter celui déjà en place depuis 2015 de rachats d'actifs (baptisé "Asset Purchase Program").
Ce programme a vu son enveloppe accrue de 600 milliards d'euros à 1.350 milliards (lire la décision de la BCE ici) et est prorogé de décembre 2020 à juin 2021. Ceci implique des achats d'actifs de l'ordre de 4 milliards d'euros par jour, selon UBS.
Dans un entretien avec le journal italien Il Sole 24 Ore, Philip R. Lane, chef économiste de la BCE, explique que si les achats nets d'actifs pourraient se prolonger au-delà de cette date, jusqu'à ce que les dirigeants de la banque centrale considère que la crise du coronavirus est terminée.
De fait, les coupons et remboursements de dettes seront réinvestis sur les marchés jusqu'à la fin de l'année 2022.
Pour l'économiste, "les taux d'intérêt nécessaires à l'économie sont plus bas qu'ils étaient il y a 25 ans. Cela n'est pas circonscrit à la BCE ou à la zone euro. La raison pour laquelle les taux sont bas est lié à de nombreux facteurs, notamment la démographie et la productivité." (ce point a déjà été discuté sur ce site ici).
Ce programme a agréablement surpris les marchés. Sa taille est en effet supérieure aux attentes. Il dure plus longtemps qu'attendu. Et le réinvestissement des coupons et remboursements est également perçu comme un facteur positif.
La question est désormais de savoir si la BCE peut encore faire plus, en particulier si l'inflation ne se redresse pas comme attendu - le mandat de la BCE étant centré sur la stabilité des prix (avec comme objectif sous-jacent une inflation "coeur" autour de 2% contre près de 0% attendu cette année).
Les marchés financiers ne devraient plus attendre de nouvelles mesures de la part de la BCE pendant quelques mois, si la situation économique européenne ne se détériore pas.
Un programme de prêt au secteur financier (TLTRO) est également engagé, pour inciter les banques à prêter aux agents économiques et donc indirectement assouplir les conditions financières.
Toutes ces mesures doivent permettre de faire remonter le rythme de l'inflation en zone euro et d'éviter l'émergence d'un risque systémique, notamment à travers une pression à la baisse sur le niveau des taux d'intérêt en Europe.
Pour sa part, l'impact de ces mesures sur l'inflation prendra sans doute plus de temps à apparaître.