Les investisseurs ont-ils mangé leur pain blanc ? C’est bien évidemment la question que l’on peut se poser (comme nous l’avons fait récemment) après le rallye boursier des principales bourses mondiales.
Quel est le degré d’optimisme intégré dans le niveau des indices boursiers européens. Pour répondre à cette question, il faut prendre en considération l’état des fondamentaux, les multiples de valorisation des marchés actions et quelques indicateurs macro-économiques.
D’après les stratégistes de Morgan Stanley, « un certain degré d’optimisme dans le rebond des profits attendu par les analystes est déjà intégré dans les cours. »
« Le rebond des marchés actions mondiaux semble cohérent avec un indicateur PMI global qui serait 1 à 2 points inférieur à son niveau de juin 2019 (51), tandis qu’une analyse similaire en Europe suggère que le marché intègre un PMI autour de 48 », jugent-ils dans une note datée du 29 juin (un indicateur PMI au-dessus de 50 indique une expansion de l’économie et une contraction en-deçà de 50).
Performance des actions mondiales (gauche) et européennes (droite) et PMI
Si l’on regarde les multiples de valorisation, le P/E du marché européen se situe à 17,5x, après avoir atteint des plus hauts historiques (les derniers plus hauts remontent à 2001). A deux ans, le P/E du marché est de 14,5x, pas très éloigné de son plus haut historique lui aussi (14,9x).
Au-delà de prévisions de résultats déjà fortement revues à la baisse, qu’est-ce qui justifie des multiples de valorisation aussi élevés ? Le plan de relance européen, selon la banque américaine. Ce plan « apporte un discours bien plus positif pour l’Europe et pourrait constituer un point d’inflexion important pour les marchés actions, au regard de la faible exposition et au sentiment prudent vis-à-vis des actions européennes », note Morgan Stanley.
Cet optimisme des investisseurs a profité à certains secteurs d’activité plus qu’à d’autres : le luxe, les services au consommateur, les services financiers, la santé, la technologie (semi-conducteurs et logiciels surtout) et les services collectifs sont les mieux lotis (voir notre dernière analyse en date du 16 juin sur les performances sectorielles).
A l’inverse, la distribution alimentaire, l’assurance, l’immobilier et les télécommunications semblent en retard.