La volatilité des marchés provoquée par la pandémie de coronavirus a gelé pendant un temps les introductions en Bourse, au moins au cours de la première partie de l’année.
Aux Etats-Unis, puis en Europe dernière, ont réémergé les « SPAC » des véhicules d’investissement spécifiquement dédié à une acquisition (« Special Purpose Acquisition Vehicle ») qui permettent de coter une entreprise dans des conditions bien particulière.
Des opérations très en vues ont eu lieu, avec des parcours boursiers parfois volatils, comme la cotation de DraftKings, Nikola, ou sont promues par des gérants en vue comme Bill Ackman (Pershing Square) ou Jeff Smith (Starboard Value). En France Mediawan ou 2MX Organic ont inauguré ce type de placement.
Un SPAC est une coquille vide juridique cotée en Bourse qui est créée en vue de l’acquisition d’une activité non cotée, durant une période de temps déterminée.
Combiner une entité cotée et une entreprise non cotée revient à réaliser une introduction en Bourse à un coût inférieur à une introduction en Bourse classique.
Les fondateurs du SPAC sont les grands gagnants de l’opération puisqu’ils peuvent lever des fonds de manière importante en apportant une mise de fonds modeste, puis détiennent une participation en général supérieure à 20% dans le SPAC. L’opération leur assure une belle plus-value potentielle.
Les détenteurs de titres émis par le SPAC ont un double intérêt : ils peuvent bénéficier du potentiel de hausse lié à l’opération d’acquisition (si elle est bien menée) et d’une protection à la baisse, car les fonds initialement levés sont bloqués jusqu’à la réalisation de l’acquisition. Ils détiennent en outre un droit de retrait au moment de l’acquisition.
Enfin, le SPAC est dans l’obligation de retourner les fonds levés s’il ne réalise pas d’acquisition dans le temps qui lui est imparti.
En dehors du regain d’intérêt récent (les SPACs auraient représenté la moitié des introductions en Bourse aux Etats-Unis en 2020), ces véhicules avaient déjà connu un certain succès avant la crise financière de 2008.
Entre 2003 et 2006, le nombre de SPACs et de fonds levés avait bondi de 1 à 38, et les capitaux levés étaient passés de 21 millions de dollars à 3,1 milliards de dollars.
Les performances de ces SPACs ont été inégales selon une étude publiée par le Journal of Private Equity (« SPACs as Alternative Investments : An Examination of Performance and Factors that Drive Prices »), datée de 2008.
Les SPACs peuvent être vus comme des concurrents pour les fonds de private equity.
Mais les facteurs clefs de succès sont les mêmes que tous ceux qui concernent l’investissement : la performance d’un SPAC, comme d’un fonds d’investissement, relève avant tout de la qualité de la société acquise, en particulier de son management, de ses fondamentaux et surtout du prix payé.
En période de cherté, voire de bulle, sur les multiples de valorisation, le retour sur investissement a de grandes chances d’être médiocre, voire décevant, quel que le soit le véhicule d’investissement.
Cet article ne constitue pas un conseil financier. Il est toujours recommandé de parler avec un professionnel ou un conseiller financier avant d'acheter ou de vendre des titres.